A votre avis le décès de Mohamed Abdelaziz aura-t-il une incidence sur le cour du conflit au Sahara occidental ?
Mohamed Abdelaziz a été maintenu au pouvoir pendant 40 ans pour deux raisons essentielles. D’abord sa proximité algérienne, il est même inscrit dans les registres de naissance de Tindouf ; ensuite parce qu'il était disposé à appliquer à la lettre la politique d'Alger. Son bilan est plein d’erreurs. Le dossier n’a pas bougé d’un iota depuis le temps de la guerre froide jusqu’à aujourd’hui.
Croyez-vous que la direction du Polisario parviendrait à tenir son congrès extraordinaire dans les 40 jours à venir ?
Je ne le pense pas. La crise continuera au-delà de cette date. Et ça m’étonnerait qu’ils tiennent leur congrès dans les prochains 40 jours.
Quel nom pourrait succéder à Mohamed Abdelaziz ?
Qu'il soit Bouhali ou un autre, le successeur doit impérativement avoir la confiance des décideurs en Algérie et veiller à exécuter sa politique. L’Algérie ne se soucie guère de ce qu’endure la population des camps de Tindouf depuis 40 ans. Trouver une solution au conflit n’est pas inscrit dans son agenda. Le 1er mai 1976, l’ancien président Houari Boumédiène avait déclaré à l’occasion d’un meeting politique que la question du Sahara « est une pierre dans les chaussures du Maroc». Comprenez donc que l'objectif principal d’Alger est de pérenniser le conflit et non le résoudre. D’autant que la minorité qui dirige actuellement l’Algérie s’identifie toujours comme héritière de la politique de Boumédiène.
Est-ce que ce décès permettra aux habitants des camps de Tindouf de secouer la chape plomb ?
Il est extrêmement difficile pour un habitant de «Lahmada» d’exprimer librement ses opinions et de manifester son opposition. Il est entouré par l'armée qui guette ses moindres faits et gestes. Après la révolte de 1988 réprimée dans le sang, les Algériens ont davantage renforcé la surveillance et le contrôle des camps.