La succession de Mohamed Abdelaziz est officiellement ouverte dans les rangs de la direction du Polisario. Deux courants se disputent le leadership au sein du mouvement séparatiste. D’un côté, il y a les "Algériens". Ceux qui sont nés en Algérie. Après le décès d’Abdelaziz, ils sont représentés au sein de la hiérarchie par son épouse Khadija Hamdi. C’est d’ailleurs la cousine de l’ancien chef du Polisario. Elle est membre du secrétariat général du Front et à la tête du «ministère de la Culture». Ses chances de succéder à son mari sont fortes. Mohamed Lamine Bouhali, l’ex-«ministre de la Défense», est membre de ce groupe au même titre que Bachir Ould Seghir, un autre natif de Tindouf. Lui aussi n’a pas vécu au Maroc.
Se dressent contre les intérêts politiques et économiques des "Algériens" de Tindouf, le camp des sahraouis. Bachir Mustapha Sayed, le frère du fondateur du Polisario, et l’actuel «premier ministre», Abdelkader Taleb Oumar, en sont ces principales têtes d’affiche. Sauf que l’harmonie et la convergence des vues fait gravement défaut aux composantes de ce courant. Des divergences d’origine tribale amplifiées par des égos et des ambitions au leadership.
L’Algérie dictera son choix
Mais la question du successeur ne devra pas sortir des mains des autorités algériennes. C’est d’ailleurs la position défendue par Mohamed Taleb, un spécialiste de la question du Sahara et membre du CORCAS. Selon lui «l’Algérie n’aura pas de difficultés à imposer son homme à la tête du Front. Le profil du successeur de Mohamed Abdelaziz doit remplir les conditions suivantes : être un "Algérien", appartenant à la tribu des Rguibates et ayant effectué son service militaire dans l’armée algérienne».
Et d’ajouter que le «mieux placé pour conduire la prochaine phase est Mohamed Lamine Bouhali. Il sera un président fantoche, comme l’était Mohamed Abdelaziz». Son profil cadre parfaitement avec le contexte de tension qui prévaut entre Rabat et Alger. L’homme est connu pour ses appels à la reprise des armes contre le Maroc. En revanche, notre interlocuteur écarte de la liste des prétendants Bachir Mustapha Sayed. «Les Algériens ne lui font pas confiance», explique-t-il.
A notre question de savoir si le décès de Mohamed Abdelaziz changerait la donne du conflit, il a répondu par la négative. «Il était l’otage des Algériens. Son successeur le sera également», a-t-il conclut.