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Grand Angle

France : Les conditions de vie des chibanis en foyer au cœur d’une manifestation à Gennevilliers

La manifestation contre les conditions de vie des chibanis dans les foyers Adoma à Gennevilliers aura lieu ce vendredi. Sous la coupole d’un conseiller municipal, le Collectif de solidarité aux chibanis de la ville entend dénoncer pour réclamer le rétablissement des droits de ces retraités immigrés en leur reconnaissant le droit à des logements décents. Détails.

 

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Photo/CSCG/Facebook
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Des toilettes et des douches délabrées, truffées de rouille, le carrelage complètement ternis et existant souvent par endroit, des murs recouverts de crasse, … les photos parlent d’elles-mêmes. Publiées sur Facebook par le Collectif de solidarité aux chibanis de Gennevilliers (CSCG), elles illustrent les conditions de vie de centaines de chibanis dans le foyer Adoma du quartier Chandon-Brenu-Sévines.

C’est pour dénoncer ces conditions de vie que le collectif manifestera ce vendredi. Plusieurs élus venant même des autres villes sont attendus pour l’occasion. «La mobilisation a été bien menée sur les réseaux sociaux, nous nous attendons à voir beaucoup de monde», confie à Yabiladi, Nasser Lajili, conseiller municipal sans étiquette à Gennevilliers et fondateur du CSCG. «Le foyer de Chandon-Brenu-Sévines a été mis à l’abandon parce qu’il va être démoli. Mais en attendant, 396 personnes y sont hébergées, les ¾ étant des chibanis. Et dire qu’un bon nombre d’entre eux sont en mauvaises santé…», s’offusque-t-il avant d’ajouter : «Ce foyer est certes le seul dans un état aussi extrême, mais de manière générale, l’hygiène de vie dans les foyers est catastrophique».

Des loyers d'environ 300 € malgré tout...

Et même dans ces conditions, les chibanis doivent verser chaque mois 300 euros environ pour leur loyer. «C’est tout simplement honteux et indigne», dénonce le conseiller municipal. A cause de toutes ces réalités, de nombreux chibanis bataillent en vain depuis des années pour obtenir un logement HLM. Brahim, 71 ans, est arrivée en France en 1971 et pris sa retraite il y a cinq ans. Après une instabilité constante en matière de logement, il vit au foyer de Chandon-Brenu-Sévines depuis 2000 dans un 7m2 pour un loyer de 265 euros. «Mon seul souhait est de quitter ce foyer insalubre et d’accéder à un logement HLM pour vivre paisiblement. J’ai fait une demande qui a cinq ans d’ancienneté. Je ne me vois pas finir mes jours dans un foyer», confie-t-il dans un témoignage recueilli par le Collectif.

Absike Abd, 78 ans, est dans la même situation. Il occupe un 14m2 pour 330 euros de loyer depuis 2008. Atteint d’une tumeur au cerveau diagnostiquée il y a deux ans, il est devenu difficile pour lui de se prendre en charge. «Je voudrais que ma femme qui est au Maroc me rejoigne, mais c’est impossible de lui obtenir un permis de séjour si je n’ai pas la surface suffisante», explique le retraité qui a fait sa demande de logement chaque année depuis 2008 avant d’arrêter depuis le diagnostic de la maladie.

Manifester pour la dignité

Pour le Collectif, «trop, c’est trop». «On est très focalisé sur les lois concernant les chibanis, mais la loi est injuste envers eux, s’ils partent, ils n’auront plus toute leur retraite», déclare Nasser Lajili faisant allusion à la condition de résidence de six mois imposée aux chibanis pour la garantie de leurs droits à l’ensemble des prestations sociales qui leurs sont dédiées en tant que retraités. «Du coup, certains préfèrent rester ici pour assurer leur suivi médical et avoir quelque chose à envoyer à leur famille», ajoute le conseiller municipal qui, dans une récente interview accordée à Yabiladi, expliquait que la situation des chibanis perdure «parce qu’ils n’ont pas le droit de vote».

La manifestation de ce vendredi vise également à réclamer «le respect de leur dignité» en leur octroyant notamment des logements décents. «Ils ont participé à la construction de la France. Ils sont tout aussi légitimes ici que n’importe quel Gennevillois et mettre des logements corrects à leur disposition, c’est la moindre des choses», conclut-il.

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