«Il est insupportable d’entendre aujourd’hui : "il y a autant de définition du voile que de femmes qui les portent". Très bien, moi je vais porter un brassard nazi et je vais expliquer : "non pas du tout…en fait, c’est une croix qui signifie la destruction, mais moi je le fais dans un cadre tout à fait particulier". Ce n’est pas vrai. Tout le monde va comprendre cinq sur cinq le message reçu». Voilà un extrait des déclarations de Céline Pina, suppléante d’un député PS, lors de son passage dans une émission sur Public Sénat vendredi 20 mai portant sur les réseaux djihadistes et la radicalisation et révélé aujourd’hui par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).
Dans un communiqué de presse, le Collectif dénonce des «propos nauséabonds» par lesquelles la socialiste «compare le voile au “brassard nazi”». «Nous ne pouvons plus tolérer la moindre complaisance à l’égard de ces discours politiques, ouvertement racistes et islamophobes, qui jettent en pâture des femmes en raison de leur confession religieuse», indique l’association, estimant qu’après Laurence Rossignol qui comparait les femmes voilées aux nègres le mois dernier, «la ligne rouge a été franchie». Le CCIF appelle les responsables du PS à sanctionner ce type de discours.
La publication sur les réseaux sociaux de l’extrait de l’émission qui était passée quasi-inaperçue dans les médias a entrainé une vague de réactions. Si ces dernières relèvent beaucoup plus de l’indignation, de nombreuses voix ont également appelé à un dépôt de plainte contre la femme politique.
La réplique de Céline Pina
Dans une longue publication Facebook en fin d’après-midi, Céline Pina se défend de toute islamophobie. Elle dénonce à son tour une «méthode de désinformation» de la part du CCIF qui, selon elle, sort de son contexte une phrase où elle explique «en quoi dans le cadre djihadiste et intégriste, porter le voile est une démonstration de militantisme politique comme pouvait l'être pour les nazis celui de porter un brassard à croix gammée».
La socialiste rappelle ce qu’elle a toujours dit du voile, «un marqueur de la radicalisation en cours. C'est un outil de pouvoir et de pression, […] de déstabilisation politique et d'aliénation personnelle [qui] ne reflète aucunement la spiritualité religieuse de l'Islam». «Il est normal qu'il suscite le rejet et l’ostracisme, tant que cela ne se traduit pas en agression des voilées. Il doit être combattu politiquement. Ce que je fais», écrit-elle soulignant qu’elle «comprend» que ses dires «puissent blesser des femmes croyantes».
Qu’à cela ne tienne, le CCIF qui avait déposé une plainte contre Laurence Rossignol réfléchit à ce qu’il compte faire cette fois. «Le dossier est en cours d’étude au niveau de notre section juridique, c’est après cela que nous déciderons de la chose à faire», confie à Yabiladi Yasser Louati, le porte-parole du CCIF.