Ce qui était impensable il y a quelques jours s’est produit ce soir. L’ambassadeur américain Dwight Bush a été convoqué, mercredi soir, par le ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita. Le chef de la DGED, Yassine Mansouri, était présent à la réunion. Ce rebondissement survient quelques heures seulement après le rejet en bloc du porte-parole du Département d’Etat des remarques des autorités marocaines sur la teneur du rapport américain sur les droits de l’Homme au Maroc.
Les responsables marocains ont exposé au diplomate trois cas confirmant «la manipulation avérée et les erreurs factuelles flagrantes qui entachent le rapport du Département d’Etat», indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Des cas se rapportant aux affaires Ouafae Charaf, Oussama Housn et le journaliste Hamid Mahdaoui, respectivement condamnés par la justice à 2 ans de prison ferme, 3 ans de prison ferme et à 4 mois avec sursis. Pour la partie marocaine «les faits rapportés par le rapport n’ont fait l’objet d’aucune vérification, démontrant ainsi la négligence, voire la mauvaise foi des rédacteurs». Mieux elle affirme détenir «d’autres preuves sur d’autres cas» et qu’elle est prête à «démontrer le caractère fallacieux» du rapport, ajoute la même source. Cependant, il convient de rappeler que les dossiers Charaf et Housn ne devraient pas figurer dans le rapport 2015 mais remontent à 2014.
Sur les traces de la crise avec la France de 2014
«La réaction du porte-parole américain confirme le doute du Maroc quant à la sincérité du Département d’Etat et sa disposition à collaborer avec le gouvernement marocain afin que la vérité que nous demandons avec insistance soit restaurée, et que les manipulations et le mensonge soient dénoncés», précise la déclaration du ministère des Affaires étrangères.
Cet épisode sombre dans les relations maroco-américaines n’est pas sans rappeler la période de tension de 2014 entre le royaume et la France, marquée également par la convocation de l’ex-ambassadeur français accrédité au Maroc, Charles Fries, par la n°2 de la diplomatie, Mbarka Bouaida, et par le chef de la DGED, Yassine Mansouri.
Le texte du ministère des Affaires étrangères confirme, par ailleurs, la détermination du royaume «à aller jusqu’au bout pour confronter, y compris devant les instances américaines appropriées, les données et pour passer en revue chaque cas évoqué dans le rapport». Ce qui n’exclut pas d’autres développements, dans les jours à venir, dans cette crise entre Rabat et Washington.