Le 13 avril, les services de John Kerry publiaient leur rapport annuel sur les droits de l’Homme. Le document avait pointé du doigt des «problèmes persistants» entravant le respect des droits humains au royaume, tels la «corruption», la «détention arbitraire» «l’usage excessif de la force», la «torture» et les «mauvaises conditions de détention». Au moment de la publication, ce chapelet de ces critiques n’avait suscité aucune réaction de la part du gouvernement marocain.
Ce n’est que cet après-midi, c’est-à-dire un mois plus tard, que le ministère de l’Intérieur s’est fendu d’un communiqué rejetant en bloc toutes les lacunes dénoncées par le Département américain d’Etat dans son rapport.
Ton virulent et menace
«Le contenu du rapport du Département d’Etat de cette année, publié le 13 avril 2016, est véritablement scandaleux. Il est passé de l’approximation de l’Information à son invention pure et simple, de l’appréciation erronée au ”mensonge caractérisé’’», indique le ministère de l’Intérieur dans un communiqué parvenu à notre rédaction.
«Le Maroc ne peut accepter que l’on ”fabrique’’ des faits, que l’on ”monte’’ de toute pièce des ”cas’’ et que l’on fomente de fausses allégations pour des motivations politiques obscures», ajoute la même source. Le texte précise que ledit rapport était au cœur de réunions entre des membres de l’ambassade américaine à Rabat et des responsables marocains.
Les « cas mentionnés ont été tous passés en revue et des démonstrations argumentées ont été faites pour souligner leur caractère complètement infondé. Des preuves tangibles ont été fournies pour démontrer le caractère fallacieux des allégations avancées dans le rapport», souligne le communiqué.
Le ministère de l'Intérieur estime que le document des services de John Kerry «à verser dans une espèce de "recyclage" d’allégations obsolètes». Et de conclure sur un ton menaçant qu’«en raison des nuisances graves que ces rapports provoquent, le royaume est prêt à aller jusqu’au bout, quitte à saisir les plus hautes autorités dans les différentes institutions nationales américaines».
Le torchon continue de brûler entre les «partenaires»
La réaction des autorités marocaines atteste, si besoin est, de la nette détérioration des relations entre le Maroc et le Département d’Etat, pour ne pas dire avec les Etats-Unis. Rabat continue en effet de bénéficier de solides relais au sein du Pentagone et de la CIA. En témoigne la récente acquisition des FAR de matériel radio de type «SINGARS» d’un montant de 405 millions de dollars.
Un partenariat épargné, jusqu’à présent, par les aléas des liens tumultueux entre Rabat et le Département d’Etat et ce depuis la nomination de John Kerry, en janvier 2013, à la place d’Hilary Clinton.
Le ton du communiqué du ministère de l’Intérieur montre que la page de la confrontation entre Rabat et Washington au Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental est loin d'être tournée. Les divergences entre les deux «partenaires» sont si graves qu’elles sont désormais étalées sur la place publique.
Le Maroc pourrait prendre son mal en patience en attendant le départ de l’administration Obama, en janvier 2017, et l’arrivée d’une nouvelle équipe qui soit plus amène à l'égard du royaume et ses intérêts, notamment au Sahara.