C’est une analyse alarmiste que fait la Banque mondiale sur la gestion de la pénurie d’eau dans le monde arabe. Dans un nouveau rapport publié cette semaine, l’institution financière revient sur la menace que représentent les changements climatiques pour la disponibilité de l’eau, ressource vitale, à travers la planète et l’impact d’une forte pénurie sur l’économie mondiale.
Globalement, tous les pays du monde sont en état d’alerte. Mais «la zone MENA est déjà la région la plus aride au monde», rappelle les auteurs du rapport. Leurs analyses indique que si les pays du monde entier ne changent pas de méthodes dans leur politique actuelles de gestion de l’eau, la sécheresse qui touche les pays arabes s’étendra, d’ici 2050, à d’autres régions comme l’Afrique centrale et l’Asie du Sud-Est.
Cependant, indique le rapport, des politiques plus efficaces permettront de relever le défi de la pénurie d’eau d’ici 2050 pour l’ensemble des régions, à l’exception de la zone MENA. En effet, la Banque mondiale estime que le niveau de sécheresse atteint dans les pays arabes est irrévocable.
«Une grande partie du Moyen-Orient, Afrique du Nord […] devrait devenir encore plus sèche dans les prochaines décennies», assurent les auteurs du rapport qui s’alignent ainsi à de nombreuses études précédentes, comme celle livrée en août par le think tank américain World Resources Institute (WRI), qui prévoyait même un «manque extrême d’eau» dans une bonne partie de la région d’ici 2040.
Le changement de méthode, une urgence pour limiter la casse
Pour les analystes de la Banque mondiale, en outre, l’une des plus grosses préoccupations au sujet de la majorité des pays arabes dans ce conteste de sécheresse est leur «dépendance à l'égard des modes d’utilisation intensive de l'eau de tels que l'agriculture irriguée». Ils estiment qu’avec le risque auquel sont exposés ces pays en raison des changements climatiques, ils devraient changer leur mode de production avant la nature ne le leur impose.
Une urgence, d'autant plus que la sécheresse prononcée vers laquelle ils se dirigent, ne sera pas sans incidence sur l’économie. La Banque mondiale s’attend à un recul de la croissance économique de jusqu’à 6% du PIB d'ici 2050, en raison de l'impact du manque d'eau sur l'agriculture, la santé et les revenus. «Notre analyse montre que si les pays ne prennent pas de mesures pour mieux gérer les ressources en eau, certaines régions fortement peuplées pourraient connaître de longues périodes de croissance économique négative», explique le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim. A noter que parler de ralentissement continu de la croissance, c’est parler de «frein» à la prospérité des Etats ainsi qu’à l'atténuation de la pauvreté.
Selon la Banque mondiale, les investissements dans les nouvelles technologies afin d’étendre l'approvisionnement en eau tout en le rationalisant, «ne suffira pas» à gérer efficacement le peu ressource disponible. Les auteurs du rapport recommandent plutôt d’insérer dans les politiques nationales de gestion de l’eau des «mesures plus énergétiques».