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Interview

Crise des réfugiés : « Le Maroc doit s’inspirer de la Turquie et l’Allemagne pour bénéficier de l’arrivée des Syriens »

Les frappes de ces derniers jours à Alep n’ont laissé personne indifférent. Dans la liste des médecins volontaires qui continuent de se mobiliser via les convois humanitaires depuis le début de la crise syrienne, on trouve le Docteur Zouhair Lahna. Dans un entretien avec Yabiladi, ce chirurgien obstétricien et ancien Chef de clinique des Universités de Paris VII et membre de Médecins Sans Frontières, revient sur son engagement aux côtés des civils syriens, ses conditions de travail dans un pays en plein chaos et sur la manière dont le Maroc pourrait gérer l’arrivée massive de réfugiés.

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Yabiladi : Vous étiez encore en Syrie il y a un mois. Comment la situation se présente-t-elle ?

Dr Zouhair Lahna : C’est la plus grande crise humanitaire de ces dernières années. Beaucoup d’observateurs disent même que c’est la plus grave depuis la Seconde guerre mondiale. On voit un exode de la population civile qui ne s’arrête pas. De nombreuses familles ont quitté leur domicile. On parle d’environ 40% à 50% de la population, dont la moitié est partie à l’étranger et la moitié a migré à l’intérieur du pays. Et ces derniers vivent dans des conditions lamentables : pas de travail, très peu de moyens de subsistance, …

A côté de cela, des groupes armés se battent quasiment sans répit. La nuit derrière encore, il y a eu une attaque très grave dans la ville d’Alep. Des médecins amis avec qui nous sommes en contact depuis Alep nous ont dit qu’ils n’ont jamais vu ça en cinq ans. Heureusement qu’il y a une mobilisation mondiale. Pour l’instant, la situation s’est un peu calmée, pas arrêtée, mais calmée.

Parlons justement d’Alep, vous y avez mené votre dernière mission. Dans quelles conditions y avez-vous travaillé ?

La ville d’Alep est divisée en deux. Une partie abrite les administrations du régime syrien. Elle est plus ou moins bien lotie, avec moins de troupes… L’autre partie où j’ai travaillé, en revanche, les conditions de travail y sont très difficiles. Il y a des hôpitaux dont deux maternités. D’ailleurs le dernier pédiatre qui y travaillait encore a récemment été assassiné dans son hôpital. C’est quelque chose qui nous a beaucoup affectés, surtout que là les médecins se débrouillent, avec des moyens limités pour soigner les gens correctement. Que ce soit au bloc opératoire ou en dehors, on doit se débrouiller avec les moyens de bord. Le plus dur dans cette histoire est que c’est la première fois qu’un hôpital est visé de manière aussi directe

De nombreux hôpitaux ont été détruits et une bonne partie des médecins qui exerçaient dans la zone de conflit sont partis du pays. Ceux qui restent ce sont des gens très courageux… Ce n’est vraiment pas évident.

Vous avez mené des missions un peu partout dans le monde, mais vous restez très attachés au cas de la Syrie. Pourquoi ?

Oui… Tout simplement parce que comme je le disais au début, c’est la plus grande crise humanitaire au monde ces dernières années et je sens que ça va être encore plus difficile. D’autant plus que dans ma spécialité -chirurgie pelvienne et de la femme- tous les chirurgiens ayant de l’expérience sont partis. Une trentaine de gynécologues femmes font de leur mieux pour assurer les césariennes…, mais vu qu’elles n’ont pas suffisamment d’expérience, je vais là-bas pour les former. J’y vais aussi pour enseigner aux sages-femmes, afin qu’elles aient un niveau plus élevé, car la plupart des médecins qui y assuraient les soins ont quitté le pays, ceux qui sont restés n’ont pas de diplômes, donc on leur donne un enseignant qui leur permette un tant soit peu de se spécialiser. Si je compare mon travail là-bas à ce que je fais ailleurs dans le monde, c’est clair que c’est en Syrie que j’ai la possibilité de transmettre au maximum mon savoir-faire, pour la simple raison que le besoin y est très important.

Depuis votre retour de mission, vous êtes impatient de retourner en Syrie. Vu la tournure des événements, ne craignez-vous pas pour votre vie ?

Oui… Je crois qu’en tant qu’être humain, on peut craindre pour sa vie. Mais, je pense plutôt à l’utilité de mon travail là-bas. Vous savez bien que quelqu’un peut finir ses jours en conduisant sa voiture. On se rend donc compte que la vie et la mort ne sont pas si loin. Si je peux avoir la possibilité de faire mon travail, c’est le plus important. C’est ma manière à moi de leur montrer aux Syriens, que je suis avec eux et que je compatis.

De nombreux Syriens ayant réussi à fuir la guerre se sont réfugiés au Maroc. Ils sont désormais comptés par milliers. Pensez-vous que le Royaume fait assez pour eux ?

La plus part d’entre eux est souvent venue par l’Algérie. Le Maroc les a accueillis, leurs a donné des papiers pour se réaliser, ne serait-ce que pour un an. Après pour leur intégration, il n’y a aucun programme mis en place, ni par l’Etat, ni par les ONG. Il y a beaucoup d’effort personnel de part et d’autre, comme celle du projet de cabinet dans le quartier où ils habitent à Casablanca visant à leur apporter une assistance directe. 

Cependant, il n’y a rien de grand, rien d’institutionnel qui se fait et c’est dommage ! Nombreux de ces réfugiés ont énormément de talent. Si on n’essaie pas de les aider, de les intégrer, ils iront développer leur talent ailleurs. Pourtant on a des exemples comme celui de la Turquie qui a accueilli plus de 2 millions de réfugiés. Ceux-ci y ont apporté beaucoup de savoir-faire, de l’investissement…  L’Allemagne, également, est un bon exemple. Les Syriens y apportent leur savoir-faire, car c’est un peuple cultivé et travailleur.

Le fait de les voir mendier dans les quartiers, derrière les mosquée,  me fait mal au cœur. Quand ils sont arrivés au Maroc ils ont commencé à mendier. Ayant trouvé que ça rapporte, ils vont continuer de faire ça. Le plus dur dans tout ça, ce sont les enfants qui ne vont pas à l’école. Il y a vraiment matière pour le Maroc de bénéficier de leur présence sur son sol. On devrait s’inspirer des pays qui réussissent à ce niveau.

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quel exemple ridicule
Auteur : ichiadmia
Date : le 07 mai 2016 à 03h46
L'exemple allemagne/turquie? mais avec qui le maroc va negocier ce type de contrat? le contrat qui va lui permettre d'accepter des refugies en echange de millions d'euro? et de permettre a ses citoyens de se deplacer librement en UE sans visa.... sinon la turquie fermera sa porte

et l'allemagne un pays a plus de million d'habitant des qu'elle a recu quelques 20 milles syriens, Merkel est montee au crenau pour se demander ce qu'elle va raconter a ses petits enfants... que des musulmans ont preferes aller ves l'allemagne au lieu de Meca... elle ne savait pas qu'en ce monent l'arabie saudite dont la population total n'est que de 30 millions abrite deja plus de 300 milles syriens ...mais en arabie saudite ils ne les appelent des syriens et le Haut commissariat pour refugies ne les a pas enregistrer et donc personne ne savait qu'il y a avait des refugies en arabie saudite et sans oublie rbien sur le petit Liban, qui meme tout petit il abritait quelque presque 2 millions de refugies.
Mentioner l'exemple de l'Allemagne et de la turquie est un peu ridicule...
en plus les syriens capables d'investir ou ceux qui sont professionalement qualifies sont deja en UK, USA. Canada. Austarlia.... et meme en Afrique du Sud et le Nigeria.
Bravo Monsieur
Auteur : VoyageuseOrient
Date : le 06 mai 2016 à 15h47
Oui je pense qu'il a raison mais il faut un quota de refugies par pays.

Toutefois, j'espere que leur arrivee massive ne syrianise pas le peuple marocain (guerre, terrorisme etc). Il faut controler ceux qui viennent.

Ca permet aussi d'arabiser le Maroc, encore fortement berbere, (methode israelienne de remplacement de population) non ca je rigole les Berberes :)
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