On se souviendra d’elle comme de la première à avoir obtenu la naturalisation en application de la loi sur l’octroi de la nationalité espagnole aux descendants de juifs expulsés pendant l’inquisition. Simona, c’est son prénom, a prêté hier serment au consulat de Madrid à Paris pour obtenir la nationalité espagnole, rapporte la presse locale.
En 1492, pendant l’inquisition, le roi d’Espagne avait émis l’Edit de Grenade, un document par lequel il offrait deux options aux juifs d’Espagne : se convertir ou se faire expulser. Pour corriger cet héritage des guerres de religion, les députés espagnols ont voté une nouvelle entrée en vigueur en octobre dernier.
Les bénéficiaires de cette loi doivent déposer une demande de citoyenneté espagnole et fournir aux consulats la preuve de leurs origines séfarades d'Espagne pour ensuite obtenir, après vérification, leur passeport et autres papiers espagnols.
Aboutissement d'une longue procédure
Dans le cas de Simona, âgée de 80 ans et née à Tétouan, c’est son fils, également né au Maroc, qui a remonté jusqu’à 7 générations pour déterminer la filiation espagnole de sa mère. «Je n’y crois pas d’avoir attendu si longtemps. Je ressens une grande joie d'appartenir à cette nation que j’ai toujours considérée mienne, sans nier bien sûr être une marocaine », a réagi Simona après sa prestation de serment.
Comme elle, 1663 personnes ont fait la demande de nationalité pour origine séfarade d'Espagne. 548 personnes ont fourni tout ou une partie de la documentation. Seulement les demandes sont traitées au compte-goutte puisque 58 personnes seulement ont été attestées juifs séfarades d’origine espagnole.