Il avait fait valoir son droit au silence devant les enquêteurs. Mais devant les juges au tribunal hier, c’est l’avocat du garde civil espagnol qui a abattu un MRE lundi dernier qui s’est lancé dans de curieuses explications quant à l’acte de son client. Pour tenter de fournir des circonstances atténuantes à son client, l’avocat a plaidé la folie, rapporte la presse espagnole.
Crime raciste
L’avocat explique en effet que la matinée tragique de l’incident, son client était victime d’un choc psychologique consécutif à plusieurs problèmes familiaux. L’assassinat du Marocain est «un effet de sa folie. Il était convaincu qu’il livrait une guerre contre le djihadisme et que tous les arabes étaient des djihadistes ». Et pour répondre à ses collègues qui venaient l’arrêter après le meurtre du Marocain, le garde civil aurait déclaré : «Avant qu’un arabe ne nous tue dans l’explosion d’une bombe, je l’ai fait éclater».
Mardi au lendemain du meurtre, l’homme avait refusé de parler aux enquêteurs. Il avait alors été transféré devant la cour supérieure de justice de Madrid dont les juges ont retenu le chef d’accusation d’homicide. Mais les faits pourraient être requalifiés à mesure que l’enquête avance. L’avocat a expliqué que l’accusé «n’était pas en forme et que ses fonctions psychologiques étaient gravement altérées». Pour la robe noire, explique que son client souffrait d’un «trouble psychologique grave depuis 10 jours ».
L’accusé, explique encore son avocat, venait de se séparer de sa femme et vivait dans la maison de son frère mort il y a quelques années et dont il était «très proche». Le prévenu, a été testé positif au cannabis et à l’alcool après son arrestation. Des faits qui, selon son avocat, sont surprenants puisque l’individu n’était pas connu pour ces types d’antécédents. Mais l’explication la plus surprenante se trouve dans la fin de l’argumentaire de l’avocat. Après l’incident, le garde civil « s’est senti mal et a trouvé très étrange de se trouver en prison alors qu’il pensait qu’il devait être décoré ».
Des circonstances atténuantes qui ne tiennent pas
Au final, l’avocat –tout comme le juge– a demandé une expertise psychologique pour «savoir quelles étaient les raisons qui l’ont conduit à commettre cette barbarie ». Mais l’argumentaire de l’avocat tient-il ? Son client était-il atteint de folie ? La réponse est venue avant même l’ouverture du procès. Dès les premières heures de l’incident, la Guardia civil a indiqué que l’homme avait été écarté du service, le mercredi précédent le meurtre, après 10 ans d’exercice. La Guardia civil avait expliqué que l’homme souffrait d’une «maladie commune», précisant que cette maladie n’était pas d’origine psychologique.
Pour remonter au début de l’affaire, lundi dernier tôt le matin, un Marocain de 39 ans a été tué par un garde civil de 3 balles à la tête après un accident de la circulation sur l’autoroute A-3 de Fuentidueña de Tajo (Madrid). Au volant de sa voiture, la victime, un MRE vivant à Illesca dans la province de Tolède en Castille, avait heurté le terre-plein avant de toucher le véhicule du garde civil de 31 ans. Il s’en est suivi un échange entre les deux conducteurs qui a mal tourné. Le garde civil a alors saisi son arme de service et, pendant que sa victime s’enfuyait, a tiré plusieurs coups sur la victime. 3 de ses tirs mortels ont touché le MRE à la tête.
Les secours arrivés sur place n’ont pu que constater le décès du MRE qui était marié et père de 2 enfants. Le corps du défunt a été transféré dans un institut médico-légal pour les besoins de l’autopsie. Les habitants de Illesca ont observé, mardi dernier devant les portes de la mairie de la ville, une minute de silence en mémoire du Marocain.