Le chef du gouvernement aborde pour la première fois et publiquement l’affaire Panama Papers. En réponse à une question d’un étudiant de l’Université internationale de Rabat, Abdelilah Benkirane a estimé que les révélations «ne sont pas importantes», soulignant que «les Marocains ont pris acte» des fuites mais «ont été convaincus par les explications données par l’avocat de Majidi. Tout était conforme à la loi».
Et d’ajouter que dans le cas contraire «ils auraient exprimé leur désaccord avec les propos de Me. Hicham Naciri d’une autre manière». A l’adresse des étudiants, le chef de l’exécutif a dit : «Ne croyez pas que le peuple marocain est naïf. Il sait quand se taire et quand protester».
«Attention aux peaux de bananes»
Pour étayer sa version, Benkirane a fait un rappel historique pour rappeler aux jeunes que leurs «aïeux étaient intelligents. Ils n'accordaient du temps qu'aux affaires graves et importantes et dépassaient le reste». Un message aux Marocains afin d’oublier le scandale Panama Papers. En effet, à l’exception de quelques médias et de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, ce dossier n’a guère intéressé la classe politique.
Majorité et opposition ont complétement ignoré les révélations sur des années de pratiques frauduleuses du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Malgré les divergences, elles ont «convenu» de ne pas aborder le sujet lors des sessions hebdomadaires des questions orales au sein des deux Chambres du parlement ou à l’occasion de leurs meetings politiques organisés à quelques mois des législatives du 7 octobre.
Seul le PADS et un collectif d’associations des droits de l’Homme ont brisé ce consensus en appelant les députés et conseillers à constituer des commissions d’enquêtes parlementaires en vue d’auditionner les Marocains ayant figuré sur les listes.
La position du chef du gouvernement sur l’affaire Panama Papers tranche avec la réaction de son ministre de la Justice, Mustapha Ramid, qui avait déclaré à la presse qu’il «n’est pas au courant de l’existence des Panama Papers».