L’AMDH a présenté ce matin son rapport annuel sur les droits de l’Homme au Maroc. Le document a énuméré de nombreux cas d’irrégularités relevés durant 2015. Les camarades d’Ahmed El Hayej dénoncent «la forte tendance de l’Etat» à privilégier «l’approche sécuritaire répressive». L’ONG rappelle notamment les décisions des autorités interdisant les activités de plusieurs associations en rupture de ban avec l’Etat et de certaines organisations politiques telles que les jeunesses de la Voie démocratique, du PADS, la formation Alternative civilisationnelle (islamiste dissoute en 2008 sur une décision du premier ministre Abbas El Fassi) et le Parti Al Oumma, non reconnu par le ministère de l’Intérieur (également islamiste).
Le rapport de l’AMDH fait état de 346 interpellations de ce qu’elle qualifie de «détenus politiques, d’opinion, contre la liberté d’expression et les protestations pacifiques». L’association recense notamment le cas de 111 étudiants de l’UNEM, de 85 activistes politiques ayant fait campagne pour le boycott des élections régionales et communales du 4 septembre, de 63 acteurs associatifs et syndicalistes, de 41 sahraouis, de 13 journalistes, de 10 diplômés chômeurs, de 8 membres du réseau Belliraj et de 3 chanteurs de rap.
Réquisitoire à l'encontre de la haute délégation des prisons
L’ONG estime que dans de nombreux cas cités, pour cacher les «raisons politiques», les personnes étaient interpellées officiellement pour «incitation au terrorisme», avoir «ébranlé la fidélité que les citoyens doivent à l'Etat et aux institutions», «entrave à la libre circulation sur la voie publique», «atteinte à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions» ou «dégradation de biens publics».
L’AMDH a consacré une partie de son rapport à la surpopulation dans le milieu carcéral. L’ONG pointe du doigt les énormes écarts entre les capacités d’ «accueil» des centres pénitenciers lors de leur construction et la réalité.
Elle cite quelques exemples pour étayer son analyse. La prison de Marrakech compte actuellement 2 299 détenus alors qu’elle ne peut en accueillir sur le papier que 700, soit une surpopulation de plus de 328%. A Nador, ce pourcentage atteint les 140%. Il est de 157,16% à la prison d’Ain Sebaâ à Casablanca.
L’association a également fait état de la mort de 120 détenus dont 10 condamnés à la peine capitale en 2015. Le document évoque, par ailleurs, le problème de 30 340 prisonniers sous le régime de la détention provisoire.