Faute d’un accord entre ses membres, le Conseil de sécurité pourrait prononcer, le 30 avril, une prorogation technique du mandat de la Minurso de seulement deux mois supplémentaires. Une option que le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Margallo, n’a pas exclue dans des déclarations à la presse de son pays. Ce prolongement technique avait été décidé par les Quinze en 2003 pour laisser davantage de temps au Maroc et au Polisario d’examiner le Plan Baker II, prévoyant l’organisation d’un référendum au Sahara au terme d’une période transitoire d’autonomie de cinq années.
Le recours à une telle solution traduirait les profondes divergences entre les Quinze sur cette question. Depuis l’expulsion en mars dernier par le Maroc de 84 membres de la composante civile et politique de la Minurso, dans le sillage de sa confrontation avec le secrétaire général des Nations Unies, deux camps s’affrontent au sein du Conseil de sécurité.
En attendant l’initiative américaine
D’un côté, il y a ceux qui défendent la position du Royaume chérifien et appellent à un règlement négocié de la crise : Espagne, France, Japon, Sénégal, Egypte et dans une moindre mesure la Russie. Et de l'autre côté, il y a les partisans d’une résolution du CS condamnant Rabat et lui enjoignant le retour immédiat des casques bleus : Venezuela, Uruguay, Grande-Bretagne et Etats-Unis.
Le chef de la diplomatie espagnole a par ailleurs affirmé que les Quinze attendent que la délégation américaine leur transmettent le projet de la nouvelle résolution. Une autre preuve de l’influence de Washington sur ce dossier. Un texte remis en priorité aux membres permanents du CS ainsi qu'à l’Espagne en sa qualité de membre du Club des amis du Sahara occidental, avant une distribution au reste des membres de l’instance onusienne. Généralement, le texte de Washington ne fait pas l’objet d’opposition sauf en 2013 lorsque le Maroc avait catégoriquement rejeté la proposition de l’administration Obama visant à élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme dans la province.
José Margallo a reconnu que l’ambiance est «tendue» entre le Maroc et le secrétaire général de l’ONU, souhaitant que la crise entre les deux parties ne soit que «passagère».