«Je vais être traité de raciste, mais vraiment, je m'en fiche complètement. Quelques clubs [amateurs de football] ont été endommagés, parce qu'ils sont situés dans des zones où vivent de nombreuses familles marocaines. Les joueurs marocains dominent ainsi l’équipe et cela ne fonctionne presque nulle part. Les garçons néerlandais vont dans d’autres clubs. Ils ne veulent pas travailler avec neuf garçons marocains qui n'osent pas se doucher nus». C’est en ces termes que s’est exprimé lundi le consultant TV en football, Johan Derksen, lors de son passage dans l’émission Voetbal Inside diffusée sur la chaine RTL, rapporte la presse locale.
Il refuse de s’excuser et enfonce le clou
Derksen donnait ainsi son point de vue sur l’évolution des clubs amateurs aux Pays-Bas. D'après lui, le problème viendrait de cette prédominance de jeunes d’origine marocaine. Pour lui, c’est une réalité que «la société néerlandaise ne veut pas reconnaitre».
Ses propos ont beaucoup choqué au sein de la communauté d’origine marocaine et même au-delà. Mardi, il a été invité sur un autre plateau de télé, cette fois, en présence du président de l'Alliance marocaine néerlandaise (SMN), Farid Azarkan. Ce dernier a dénoncé des déclarations stigmatisantes et discriminantes, appelant le consultant TV à s’excuser. Mais Derksen a réitéré sa position au sujet des footballeurs marocains. Pour lui, il faudrait au maximum «trois ou quatre garçons marocains dans une équipe, mais une équipe avec neuf Marocains ne fonctionne pas». D’ailleurs, «je n’achèterai jamais un joueur marocain», a-t-il ajouté.
Avis partagés au sein de la communauté marocaine
Si la SMN monte au créneau, ailleurs au sein de la communauté, on nuance. Interrogé par Telegraaf, le footballeur freestyle d’origine marocaine, Soufiane Touzani, pense que Derksen n’a pas totalement tort. «Les footballeurs Marocains sont plus difficiles de caractère. Mais ils ont une mentalité de gagnant», a-t-il déclaré, estimant que «pour en tirer le meilleur, les clubs devraient travailler avec des entraineurs qui savent gérer ce type de joueurs».
L'Alliance marocaine néerlandaise ne compte toutefois pas en rester là. Outre le consultant TV, elle a également exigé des excuses de la part de la chaine RTL et envisage de faire une déclaration publique. Pour Farid Azarkan, les actes commis par certains jeunes d’origine marocaine doivent rester sous la responsabilité de ces derniers et non devenir celle de toute la communauté. «C’est comme si vous postulez pour une place dans la campagne de Wilders», a déclaré le président de la SMN à Derksen.
Ce type de propos racistes se fait ainsi de plus en plus courant aux Pays-Bas, sous l'impulsion du leader d'extrême droite Geert Wilders. Alors qu'il est désormais poursuivi par le ministère public pour des propos anti-marocains tenus en pleine campagne électorale en mars 2014, son parti -le PVV- a récemment demandé que des leaders du parti travailliste soient également poursuivis pour des déclarations faites contre les Marocains en 2008 et 2011. Mais la requête a été rejetée par la justice néerlandaise.