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Grand Angle

Spoliation immobilière au Maroc : Un parlementaire PJD aux côtés des victimes

Après avoir crié leur détresse à chaque cas révélé, après avoir manifesté pour réclamer justice, après l’exécution d’un jugement en faveur d’un spoliateur emprisonné… les victimes de spoliation ont trouvé une oreille attentive au sein du parti au pouvoir. Un parlementaire PJD est venu à leur rencontre, reconnaissant la lenteur avec laquelle le problème de la spoliation a été pris en charge. Il a également laissé entendre qu’il pourrait «peut-être» à nouveau saisir le ministre de la Justice et le Chef du gouvernement.

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Abdellatif Ben Youcoub, parlementaire PJD (à l'extrême droite) venu à Casablanca écouter les victimes de la spoliation.
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C’est au domicile d’une des victimes – au quartier Berger à Casablanca- qu’a eu lieu mercredi la rencontre avec le parlementaire PJD, Abdellatif Ben Yacoub, organisée par l’Association des victimes de la spoliation (AVS). Il est venu ainsi écouter les doléances des familles prises au piège des spoliateurs. «Nous avons échangé de 18h à 1h du matin. Une trentaine de personnes représentait des familles victimes», indique à Yabiladi le président, Mohamed Moutazakki.

«Je dénonce la mafia»

Pour mémoire, M. Ben Yacoub est le député qui a évoqué la problématique de la spoliation immobilière à la Chambre des représentants en juillet 2014, lors d’une séance de questions orales au ministre de la Justice Mustapha Ramid. Ce dernier avait ouvertement reconnu l'existence de «bandes spécialisées» dans l’appropriation illégale de biens immobiliers immatriculés. Le parlementaire assure avoir transmis à l’époque au ministre tous les dossiers de spoliation dont il avait connaissance.

Pendant la rencontre avec les victimes, Ben Yacoub a réitéré sa désolation face à l’ampleur de qu’on peut désormais qualifier de fléau au Maroc, ainsi que toutes ses conséquences sur la vie des citoyens touchés.  «Je dénonce la vrai mafia qui est organisée pour spolier les biens», réitère-t-il dans un entretien avec Yabiladi. En effet, les appels de détresse des familles sont devenus choses courantes.

La spoliation, une problématique abordée avec lenteur

Pas plus tard que la semaine dernière, une famille s’est retrouvée à la rue après l’exécution d’un jugement en faveur de Mustapha Him, qui purge actuellement une peine de 12 ans de prison pour spoliation dans le cadre de l’affaire Brissot. Pourtant quelques jours plus tôt, l’AVS manifestait, réclamant la suspension de tous les jugements civils ayant fait l’objet de plaintes de la part des victimes suite auxquelles le parquet a ouvert des enquêtes pour vérifier l’authenticité des documents sur lesquels ces jugements sont basés. Comme l’indiquait récemment une avocate qui accompagne l’action de l’AVS, Ben Yacoub reconnait également que les spoliateurs se servent des failles de la loi pour opérer. «La mafia profite d’un vide juridique des années 50-60», affirme-t-il. «A l’époque, poursuit le député, les transactions n’étaient pas retranscrites comme il faut. Les contrats n’étaient pas toujours notariés et n’étaient conclus qu’entre les protagonistes. Quand les spoliateurs arrivent de nos jours, ils présentent  des documents notariés et font appel aux forces de l’ordre pour déloger les gens».

Ben Yacoub reconnait que le gouvernement «a mis du temps» avant de prendre le problème à bras le corps et «certaines personnes en ont malheureusement pâti».  «Mais c’est aussi parce qu’auparavant, il  n’y avait pas de réelle mobilisation des victimes. Aujourd’hui, c’est différent, les choses peuvent aller plus vite», estime-t-il.

Ramid et Benkirane pourrait être à nouveau saisis

Ces derniers mois en effet, les arrestations et/ou condamnations de notaires et de juges notamment ont donné de l’espoir aux victimes, mais selon l’AVS, le royaume est encore loin de la justice réclamée. D’autant plus qu’après l’affaire Shalom Abdelkak qui avait de manière spectaculaire mis en exergue la réalité de la spoliation au Maroc, des victimes avaient été reçu, il y a un an, par le Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, mais cela n’a pas empêché que les même travers de judiciaires soient dénoncés depuis.

Toutefois, l’association se réjouit de trouver une oreille attentive parmi les élus. «C’est le véritable devoir parlementaire qui commence à bouger au Maroc», estime Moutazakki. D'autant plus que Ben Yacoub a laissé entendre qu'il pourrait «peut-être» transmettre les requêtes des victimes à Mustapha Ramid, voire à Abdelilah Benkirane.

Une rencontre des familles victimes de la mafia immobilières avec le parlementaire Benyacoub Suite à l émission télévisée . .....

Posté par Moutazakki Mohamed sur mercredi 6 avril 2016

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