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Grand Angle  

Spoliation immobilière au Maroc : Une association de victimes manifeste pour le rétablissement de la justice

Face aux sévices permanents de la spoliation immobilière, une association des victimes a manifesté hier, dimanche, devant le Palais de justice de Casablanca. Elle réclame la suspension des jugements civils actuellement visés par une enquête du procureur du roi suite aux plaintes des victimes.

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©Association des victimes de la spoliation
©Association des victimes de la spoliation
©Association des victimes de la spoliation

«C’est un véritable cauchemar que vivent les familles», déclare à Yabiladi Mohamed Moutazzaki, président de l’Association des victimes de la spoliation (AVS). Quelques-unes de ces familles sont venues réclamer justice hier, dimanche 27 mars, devant le Palais de Justice de Casablanca, lors d’une manifestation organisée par l’association.

L’AVS réclame la suspension de tous les jugements civils ayant fait l’objet de plaintes de la part des victimes à la suite desquelles le parquet a ouvert des enquêtes, et ce, jusqu’à la vérification de l’authenticité des documents sur lesquels ces jugements sont basés. Plusieurs affaires sont en effet en cours au niveau de la justice. Certains juges auraient été suspendus de leurs fonctions en raison de leur présumées implications dans des cas de spoliation, mais les jugements d’expulsion contre les victimes sont toujours en cours d'exécution.

Pour court-circuiter le réseau des spoliateurs

«L’arme de la mafia de l'immobilier au Maroc, c’est la conservation foncière et les tribunaux civils», lâche M. Moutazzaki qui cite plusieurs victimes, notamment Yasmina Bennis, une orpheline et handicapée de 39 ans. Elle s’est faite expulsée en 2011 de l’appartement acheté par ses parents en 1959 à Casablanca. «Vous naissez et grandissez chez vous pendant 35 ans et un jour, on vous chasse disant que l’appartement de vous appartient pas ?», s’interroge la jeune femme qui n’arrive toujours pas à décrire la douleur qu’elle ressent. L’AVS, quant à elle, dit savoir à quel sort l’appartement de Yasmine a été voué. «La mafia l’a cédé à un juge qui intervenait dans l’affaire liée au complexe Romandie [un autre dossier de spoliation, ndlr]. Il a été rémunéré en nature», accuse M. Moutazzaki.

Pour l’association, ce genre de méfaits constituerait l’un des principaux problèmes de la justice au Maroc. «On doit arrêter de jouer avec la justice. Nous demandons que ces criminels qui ont trahi la confiance du peuple et du roi dans les tribunaux soient punis», réclame l’Organisation par la voix de son président.

L’AVS tient à préciser qu’elle n’est pas contre les jugements. «Nous les respectons. Notre seul souci, c’est qu’ils soient basés sur des documents avérés», explique M. Moutazaki estimant que la suspension des procédures en cours permettra de «bloquer les intentions futures des spoliateurs».

La révision de la loi, un impératif selon les avocats

Du côté des avocats qui accompagnent l’action de l’AVS, le déroulée judiciaire des affaires de spoliations au Maroc reste problématique.  Et pour eux, l’un des plus gros problèmes aujourd’hui se situe au niveau de la loi. «Beaucoup de gens trouvent des issues dans la loi pour spolier, en contrepartie, cette même loi ne protège pas les propriétaires de biens immobiliers», explique à Yabiladi Me Zineb Hakim. «Il y a un grand vide juridique sur la protection des personnes», insiste-t-elle, avant d’ajouter : «Vu ce qui se passe actuellement, il y a besoin de réviser la loi».

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