C’est un échange d’emails entre Hillary Clinton et Sidney Blumenthal -un ancien assistant et conseiller spécial de Bill Clinton- datant de 2013 et récemment révélé par Wikileaks qui l’affirme. L’Algérie aurait encouragé le jihadiste Mokhtar Belmokhtar à attaquer les intérêts marocains au Sahara.
Sur fond d'un accord secret ?
Le 17 janvier 2013 à 22h00, Blumenthal faisait parvenir à Clinton «les derniers rapports des renseignements français sur la crise des otages algériens», parlant de la prise d'otages d'In Amenas qui avait eu lieu la veille. Plus de 800 personnes travaillant sur le site gazier de Tiguentourine avaient été prises en otage par les terroristes qui réclamaient, entre autres, l'arrêt de l'intervention militaire française au Mali lancée cinq jours plus tôt.
Selon le rapport qui cite des «sources très sensibles», le gouvernement algérien serait parvenu à un «accord très secret» avec Belmohktar après l’enlèvement en avril 2012 à Gao au Mali du Consul d’Algérie. «En vertu de cet accord, Belmokhtar devait concentrer ses opérations au Mali, et à l'occasion, avec l'encouragement de la DGSE algérienne, attaquer les intérêts marocains au Sahara occidental, où les Algériens ont des revendications territoriales», indique l’email.
Deux autres documents révèlent que depuis qu’il est devenu chef de la section d’AQMI au Sahara en 2003, Belmokhtar aurait organisé l'importation d’armes pour le réseau souterrain de l’organisation islamiste au Niger et au Mali, ainsi que l'enlèvement d'hommes d'affaire occidentaux.
Pour une opération similaire à la prise d'otages d'In Amenas
Dans ce contexte, Rabat aurait encouragé Nouakchott à négocier avec celui désormais surnommé «le Ben Laden du Sahara». «Plus récemment, le gouvernement de la Mauritanie, avec l'encouragement du Maroc, a tenté de négocier un règlement avec Belmokhtar qui aurait permis à ses disciples de réintégrer la société normale. Ces négociations ont cependant été rompues durant l'été 2010 et le groupe Belmokhtar a poursuivi son soutien opérationnel à AQMI dans la région», indique le document révélé par Wikileaks.
Détaillant la mission d’AQMI au Maghreb, le document rappelle que l'objectif du groupe terroriste est à la base de «déstabiliser les gouvernements du Mali, de la Mauritanie, du Maroc et de l’Algérie». D’après la même source, la prise d’otages d’In Amenas visait à «attaquer les installations occidentales existant en Algérie» et devaient s’en suivre une opération similaire au Sahara.
En ce moment de tension au sujet du Sahara alimentée par les récentes déclarations de Ban Ki-Moon, ces nouvelles révélations pourraient davantage détériorer les relations entre le Maroc et l'Algérie.