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Grand Angle

Réduction des émissions de carbone : Le Maroc gagnerait 26 milliards de dirhams par an

Les mesures prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau national sont rentables à long terme, selon la dernière communication officielle du Maroc dans le cadre des COP. Si toutes les mesures envisagées sont réalisées, elles devraient rapporter 26 milliards de dirhams par an à l’Etat.

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La Finance Climat viendra-t-elle au bout des enjeux ? (c)AFD
Sur 49 projets d'atténuation des émissions de GES, la majorité est largement rentable. (c)ministère délégué à l'Environnement
City Group a comparé dans un rapport paru l'an dernier le coût de la lutte contre les émissions de GES avec le coût de l'inaction. L'inaction est la plus coûteuse des deux. (c)CityGroup

«Il est à noter que les mesures et programmes d’atténuation des émissions des [gaz à effet de serre], […] permettraient d’atteindre un potentiel d’atténuation annuel maximal de 78 782 tonnes Eq-CO2* au coût net annualisé négatif de -2 732,37 millions de $US, soit un coût à la tonne évité négatif de -34,68 $US/T Eq-CO2», établit laconiquement la «Troisième communication nationale du Maroc à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques», rendue publique le 16 février 2016. En d’autres termes, l’investissement de 608,4 milliards de dirhams nécessaire pour éviter de dégager chaque année au-dessus du Maroc 78 782 tonnes Eq-CO2 est rentable : il rapporterait 26 milliards de dirhams par an.

«Les mesures d’atténuation ont toutes un coût départ, mais la particularité de ces projets, à long terme, c’est qu’ils sont rentables. Pensons au photovoltaïque, par exemple. Le prix de cette technologie a beaucoup baissé depuis son lancement sur le marché et a rendu la production électrique d’origine solaire compétitive face à d’autres sources d’énergies. Dans notre raisonnement, en intégrant toutes les variables et leur évolution d’ici 30 ans, les projets envisagés deviennent rentables», explique Abdelfetah Sahibi, coordonnateur national de cette troisième communication nationale auprès du ministère délégué à l’Environnement.

27 mesures d’atténuation «sans regrets»

Cette communication qualifie ainsi 27 mesures de «sans regrets», c’est-à-dire rentables à long terme. «Le total annuel de réduction des émissions des GES pour cette option serait de 46 203 de tonnes Eq-CO2 pour un investissement initial de près de 30 025 millions de $US. Le coût net d’investissement annualisé serait négatif de -3 969 millions de $US, soit un coût à la tonne évitée négatif de -85,90 $US/T Eq-CO2», détaille la troisième communication nationale. Autrement dit, réduire les émissions de carbone par ces 27 mesures coûte 291 milliards de dirhams d’investissement initial, mais rapporte 38,5 milliards de dirhams en moyenne chaque année.

Les experts du ministère de l’Environnement ont priorisé les investissements les plus intéressants et les plus réalistes à tout point de vue. Le premier d’entre eux est le plan gazier national ; il est aussi le plus rentable de tous les projets. Il rapporterait par an, en moyenne, plus de 9,7 milliards de dirhams pour un investissement initial de 6,3 milliards de dirhams. Le second est le programme ‘biomasse : inventaire, organisation et valorisation des filières’. Il coûterait un investissement de départ de 5,48 milliards de dirhams et rapporterait chaque année 942 millions de dirhams, mais engagerait des programmes de reforestation.

Pour mettre en œuvre ces mesures, encore faut-il avoir la capacité de dégager pour 291 milliards de dirhams voire 591 milliards de dirhams de financement supplémentaires. En juin 2015, la dette marocaine atteignait déjà, selon le rapport sur la dette publique lié à la PLF 2016, 608,4 milliards de dirhams. «L’atténuation n’est pas toujours un handicap, mais la lourdeur de l’investissement initial l’est. C’est pourquoi vous n’entendez jamais parler de cette rentabilité et que les pays en développement demandent une aide financière pour mettre en œuvre des mesures d’atténuation. Bien souvent, ils n’ont pas la capacité financière nécessaire pour réaliser l’investissement de départ », explique Abdelfetah Sahibi.

100 milliards de dollars promis par le Fonds Vert

En amont de la COP21, le Maroc a ainsi conditionné en partie sa lutte contre les émissions de gaz à effet de serre à l’aide internationale. «L’engagement du Maroc est de réduire ses émissions de GES en 2030 de 32% […]. L’effort que le Maroc devra consentir pour atteindre cette ambition nécessite un investissement  global de l’ordre de 45 milliards dollars, dont 35 milliards sont conditionnés par un appui international grâce aux nouveaux mécanismes de la finance climat dont le Fonds Vert pour le Climat», écrivait ainsi le Maroc dans sa contribution nationale.

Le Royaume chérifien s’est effectivement très rapidement positionné pour bénéficier de l’aide du Fonds Vert. Fin janvier 2015, un représentant du Fonds est même venu au Maroc. «Il a recommandé de se focaliser dans une première étape sur quelques projets phares et de préparer leurs études de faisabilité afin d’accélérer la procédure de leur adoption par le Conseil du Fonds», expliquait Hakima El Haite quelques mois plus tard. Le fonds s’engageait alors à financer des projets à hauteur de 100 millions de dollars US «avant la fin de l’année en cours», assurait la ministre.

Finalement, le Fonds vert est entré en activité en novembre 2015. Quelques jours avant la COP21, il a annoncé ses 8 premiers financements : 3 étaient destinés à l’Afrique, mais le Maroc en était absent. «Un Fonds vert de 100 milliards de dollars doit être constitué d’ici 2020 et il s’établit aujourd’hui à 62 milliards de dollars, il y a là-dedans beaucoup de dons, mais aussi des prêts et pas toujours des prêts concessionnels, estime Mohamed Benyahia, négociateur en chef pour le Maroc dans le cadre de la COP21. L’un des objectifs de la COP22 sera de répondre à la question : qu’entendons-nous par finance climat ?»

* Eq-CO2 : ‘équivalent CO2’. Il s’agit d’une unité de mesure de l’effet de serre d’une activité. Plusieurs gaz ont un effet de serre, comme le méthane et l’ozone ; mais l’intensité de leurs effets varie de l’un à l’autre. Pour pouvoir comparer leur nocivité, on la ramène à celle du plus connu de ces gaz : le CO2.

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IL PLEUT
Auteur : HMIMID69
Date : le 17 mars 2016 à 10h38
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