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Grand Angle

Brexit-UE : Quand Emmanuel Macron donne des idées au Maroc [Édito]

La carte des migrants irréguliers n'est pas simplement jouée par les partis d'extrême droite en Europe. Loin du FN, Emmanuel Macron s'amuse à faire peur au peuple britannique pour éviter un Brexit. Le Maroc en embuscade ?

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Temps de lecture: 2'

Pauvres migrants qui ne sont devenus que chiffres et annonces dans les JT, drames humains très vite oubliés, "jungle" démantelée et caution de discours politicien pour faire peur à la ménagère devant son poste de télévision. Face à la pression du FN et de Les Républicains, le gouvernement socialiste a montré son efficacité pour raser la "jungle" de Calais et évacuer ces migrants et réfugiés qui rêvaient d'un ailleurs plus radieux. 

Les migrants, dernière bouée d'une UE qui coule ?

Cette démonstration de force semble également destinée à l'opinion publique outre-Manche. La déclaration tonitruante du ministre français de l'Economie, mercredi au quotidien britannique Financial Times, vient appuyer cette hypothèse. Interrogé sur l'éventualité d'un Brexit (sortie du Royaume-Uni de l'UE décidée par référendum), Emmanuel Macron a déclaré "le jour où cette relation sera rompue, les migrants ne seront plus à Calais".

Voilà qui a le mérite d'être clair et directe. Comme David Cameron avant lui, le ministre français use de la peur de l'invasion migratoire pour contraindre le peuple britannique à faire le bon choix. Des propos qui résonneront singulièrement dans un pays servant également de gare de transit aux migrants irréguliers.

Bien qu'il ne fasse pas partie de l'Union européenne, le Maroc collabore généreusement à la politique migratoire de Bruxelles. Contrôle serré des frontières, évacuation de camps de migrants et déportation vers des villes au sud du royaume et même signature d'accords de réadmission de ses migrants nationaux ainsi que, cerise sur le gâteau, de migrants d'autres nationalités ayant transité via son territoire. En Master de Sécurité et contrôle des frontières, le bon élève marocain aurait la mention "excellent avec félicitations du jury". 

Maroxit ?

Or Bruxelles joue avec les nerfs des responsables marocains ces dernières semaines si on en croit la récente déclaration de Abdelilah Benkirane. Suite à la décision de la Cour de justice de l'UE de donner en partie raison au Polisario en dénonçant l'accord agricole Maroc-UE, les institutions européennes ont certes déposé un recours, mais sans associer suffisamment le royaume chérifien pourtant directement impacté.

Alors que deux pays européens s'amusent à se faire peur en jouant sur la menace des migrants qu'on ne contrôlera plus, on se demande pourquoi le Maroc continue de jouer le Cerbère de l'UE. Endossant le costume du mauvais flic, Rabat se fait régulièrement épingler dans les rapports des organisations des droits de l'Homme pour la violence à l'égard des migrants irréguliers.

Si David Cameron et Emmanuel Macron font preuve d'un tel cynisme politique, il ne faudra pas jouer les vierges effarouchées lorsque le Maroc enverra son ministre des Finances déclarer dans les colonnes d'un grand quotidien français : "le jour où cette relation sera rompue, les migrants ne seront plus à Tanger". Pauvres migrants, pauvres peuples !

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bravo..
Auteur : schwarzkopf
Date : le 03 mars 2016 à 16h24
bravo pour cet edito clair et net,j´aime bien le qualif cerbère pour rabat,vraiment désolant.
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