La jeunesse marocaine est attirée par l’émigration. Un jeune Marocain sur quatre préfère aller s’installer à l’étranger que de rester dans le Royaume. Pis, 23% de ces âgés de 16 à 29 ans en font leur projet numéro un pour les quinze années à venir. Ces confidences sont contenues dans l'enquête «2011, la jeunesse du monde», qui a interrogé, entre le 16 juin et le 22 juillet 2010, quelques 32 714 personnes dans 25 pays du monde, dont le Maroc. Toutefois, l’enquête a été administrée via un questionnaire électronique, les échantillons des pays émergents sont davantage représentatifs des catégories plus aisées de la population.
Ma foi, ma famille, ma nation
Cette envie d'émigrer des jeunes s’explique peut-être par le manque de tolérance de la société à leur égard. En effet, près d’un jeune Marocain sur deux (48%) indique que la société marocaine n’est pas tolérante envers des gens comme lui. Et ce bien qu’ils soient parmi ceux qui disent s’attacher le plus à la religion dans le monde (92%). Soit loin devant les jeunes Européens (35%, les moins attirés par la spiritualité) ou encore des jeunes d’autres sociétés musulmanes comme en Turquie (74%). La famille est également un élément clé de l’identité de la jeunesse marocaine (pour 88% des jeunes), mais aussi la nationalité (87%).
Interrogés sur la sexualité, 85% disent désapprouver les relations sexuelles hors mariage. La moitié demeure rétive à l’égalité des sexes (50%). Les jeunes Marocains sont champions dans cette catégorie. Les jeunes du Maroc indiquent également à 57% être satisfaits de leur travail contrairement à la tendance mondiale. Mais les jeunes de la planète restent néanmoins optimistes.
L'Etat déçoit, la société console
En effet, malgré la conjoncture actuelle, 70% des jeunes du monde croient avoir un avenir personnel prometteur. Cet optimisme est plus accentué dans certaines puissances émergentes du Tiers Monde, comme au Brésil (87%) et en Inde (90%). Mais l’état d’avancement des pays inquiète plus qu’il ne rassure. 61% sont insatisfaits de la situation générale (économique, sociale, culturelle…) de leurs pays. Seuls 44% se disent optimistes sur l’avenir de leurs pays.
Autre source d’inquiétude des jeunes du monde, le chômage, qui torture leur tête plus que les changements climatiques. La mondialisation est dans l’ensemble bien approuvée, surtout par les jeunes des pays émergents comme la Chine. L’Etat est plus vu comme un facteur de déception que d’ambition. Pour Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, le constat est flagrant :«pour la plupart des jeunes interrogés, le cours de l’histoire est incomparablement plus enthousiasmant que les programmes électoraux ou de gouvernements». Les responsables politiques sont avertis !