Le gouvernement Benkirane est furieux contre 2M. Il n’a pas du tout apprécié la couverture par la chaîne de la grève générale du mercredi 24 février. Le ministre de la Communication l’a qualifiée, hier à l’occasion d’un point de presse, de «grave dérive des règles qui cadrent le service public», de «partiale» et de non conforme à la «neutralité» que se doit d’observer un secteur public, conformément aux articles 154,155 et 156 de la constitution.
Pourant les textes cités par Mustapha El Khalfi ne semblent pas être un argument de taille pour la cause de l’exécutif. Ainsi l’article 156 précise que «les services publics sont à l’écoute de leurs usagers et assurent le suivi de leurs observations, propositions et doléances. Ils rendent compte de la gestion des deniers publics conformément à la législation en vigueur».
Certes le porte-parole du gouvernement peut brandir l’article 155 qui invitent les agents à exercer «leurs fonctions selon les principes de respect de la loi, de neutralité, de transparence, de probité, et d’intérêt général». Seulement, le traitement de 2M de la grève générale a ressemblé à tout ce qui est habituellement fait dans pareille circonstance. Il y a eu les traditionnels reportages dans une ou deux écoles publiques, un arrondissement, un hôpital et dans les stations de bus et de tramway. C’est le rituel répèté à chaque débrayage syndical.
Parole donnée au non gréviste
Mieux, cette année 2M a consacré du temps aux services qui ont travaillé normalement le mercredi 24 février. Une équipe de la chaîne a notamment visité la commune de Rabat-Hassan que préside d’ailleurs une PJDiste. L’élue a eu droit à un temps de parole. Et il en est de même pour le ministre de la Fonction publique, Mohamed Moubdiî qui a profité de l’occasion pour critiquer la décision des syndicats.
Tous ces reportages ont été programmés sur le JT arabophone de 12h45. Mais à la fin du JT, le présentateur, qui portait un brassard rouge, a déclaré que les journalistes et les techniciens étaient en grève mais ont tenu à assurer la continuité du service public en veillant «aux intérêts stratégiques du pays». Ce message a été répété le même jour par le journaliste au JT du soir. C’est surement ces faits qui ont déclenché l’ire du gouvernement.
La réaction de 2M
Quelques heures après les propos du ministre de la Communication, 2M a répliqué. «Le plus grand professionnalisme a été observé dans le traitement de l’information concernant la grève de 24 heures, son impact et les réactions, et ce tout au long de la journée», indique un communiqué de la chaîne. La parole a été donnée aussi bien aux syndicats qu’au gouvernement. De même nos équipes de reportage ont pu assurer la couverture de lieux où la grève a été observée et ceux où elle ne l’a pas été», ajoute le texte de 2M.