Ce jeudi 25 février, le chef du gouvernement a fait preuve d'une fermeté assez rare dans le domaine de la politique étrangère, domaine royal par excellence. Abdelilah Benkirane a déclaré, à l’occasion d’une allocution au début de la réunion de son cabinet, qu’il s’est réuni, sur instructions de Mohammed VI, avec l’ambassadeur de l’Union européenne. «Je lui ai expliqué que la décision de la cour européenne de justice d’annuler l’accord agricole est inacceptable».
Et de révéler que «les services juridiques de l’UE ne se sont pas montrés aussi coopérants avec le Maroc», indique le site d’actualité du PJD. Benkirane a haussé ensuite le ton, menaçant de suspendre tout contact avec Bruxelles tant que les Européens n’opèrent pas une révision de leur position à l'égard du Maroc. «Nous voulons des garanties nécessaires pour qu’ils nous traitent prochainement en tant que partenaire principal et fondamental», a martelé le chef de l’exécutif.
Une meilleure considération
«Ces messages sont juste destinés à alerter l’Union européenne», a-t-il tempéré. Devant ses ministres, le PJDiste a affirmé l’importance que revêt la question du Sahara pour le Maroc. «Il ne s’agit pas d’une affaire commerciale ou de l’étiquetage de marchandises (…) mais d’existence pour nous. C’est un dossier géostratégique et non un jeu ou une plaisanterie».
Benkirane a revendiqué, par ailleurs, le droit de son pays à une meilleure considération de la part de l’Union européenne, arguant que le royaume représente un «espoir» pour les autres peuples arabes qui aspirent à «vivre dans la sécurité et la stabilité».
Au début du mois courant, la Haute représentante de l’Union européenne, Federica Mogherini, a précisé dans une réponse écrite à une question d’un eurodéputé espagnol de Podemos que «le jugement [de la Cour de justice de l’UE] confirme qu'il n'existe aucune règle de droit international qui empêche l’UE de signer avec le Maroc des traités incluant aussi le Sahara occidental». C’est d’ailleurs la même position qu’avait adopté Catherine Ashton, son prédécesseur en 2011, en réponse à une question d’un groupe d'eurodéputés proches du Polisario.