Les questions posées aux services presse des deux opérateurs étaient les mêmes :
1. Est-ce que le Sahara occidental et donc des villes comme Dakhla ou Laâyoune, ne sont pas incluses dans votre offre de téléphonie illimitée vers les fixes marocains ?
2. Si elles ne le sont pas, comment est-ce possible techniquement de faire la différence vu que la Sahara occidental a l’indicatif téléphonique international (00212) du Maroc ?
3. Si, au contraire, il est bien possible d’appeler le Sahara occidental en illimité, pourquoi ce territoire n’a-t-il pas été associé au reste du Maroc ?
Free, ou plutôt Iliad, sa société mère, a été la première à réagir à notre demande. Cependant, l’opérateur n’a répondu que partiellement. «Tout dépend de la numérotation et non de la zone géographique. Le Sahara occidental utilise le code pays du Maroc», nous a-t-on expliqué.
Mais pourquoi alors le peindre en gris ? A cette question, pas de réponses, ni de réactions aux messages laissés sur répondeur. Sur le site de Free, la carte reste inchangée. Est-ce que c’est juste en conformité à l’usage sur les cartes de l’ONU de séparer le Sahara occidental du Maroc ?
Il faut avouer que cette séparation se retrouve sur la plupart des cartes politiques de la région, du moment qu’elles sont publiées en dehors du Maroc. Elles reflètent le statut ambigu du territoire sur le plan du droit international.
Sans aller chercher trop loin, les infographistes de Free et de SFR ont simplement dû prendre le matériel qui était à leur disposition, sans poser plus de questions. Mais ils ne sont pas seuls; sur de nombreuses cartes, le Sahara occidental apparaît comme un territoire pour lequel il n’y aurait «pas suffisamment de données». Alors que par exemple la carte de la FAO sur la faim dans le monde se base sur des informations transférées par le Maroc, qui collectent des données sur les provinces du sud.
Ces cartes s’adossent à la cartographie politique sans que cela soit nécessaire. Jusqu’à preuve du contraire, des opérateurs téléphoniques ne sont pas censés publier des cartes politiques. D’autant plus que cela peut irriter les clients. Sur toute la carte de Free, le Sahara occidental apparaît comme seul «No man’s land», alors qu’il est bien accessible...
Article précédemment publié dans Yabiladi Mag No 3 (Janvier 2011)