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Grand Angle

Renouveau de l’UC : Sajid entre en pré-campagne sans programme

Mohamed Sajid répondait, hier, aux questions du grand jury de Science Po, à l’Université Internationale de Rabat. Porté par une nouvelle ambition nationale, l’ancien maire de Casablanca et nouveau secrétaire général de l’Union Constitutionnelle (UC) réussira-t-il à rénover son parti à temps pour les élections législatives ?

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Elu en avril dernier au secrétarait général de son parti, Mohamed Sajid veut reconstruire l'UC. (c)MAP
Temps de lecture: 3'

 «Non, Monsieur Alioua, aucun de vos élèves ne peut connaître le positionnement de l’UC et je vais vous dire pourquoi : parce qu’il n’en a pas ! », a lancé Mohammed Sajid, ancien maire de Casablanca, à Mehdi Alioua professeur à Science Po à l’Université Internationale de Rabat, lors de la seconde édition du «Grand O» de l’Institut, hier, mercredi 17 février 2016. Elu à la tête de l’Union Constitutionnelle (UC) en avril 2015, Mohamed Sajid, a la lourde tâche, à l’approche des élections législatives, de définir les orientations de son parti au moment même où il doit les défendre. Pour porter sa mue, le parti ne s’est peut être pas choisi le meilleur candidat. Réputé lisse et consensuel, Mohamed Sajid, adepte de la langue de bois, peine à donner de l’épaisseur à ses idées.

«Je viens du monde des affaires et je me suis donc orienté vers un parti de droite sans rien en connaître», a-t-il reconnu, devant l’assemblée constituée essentiellement d’étudiants en sciences politiques. Créé en 1983 par Maati Bouabid, premier ministre de 1979 à 1983, sous l’impulsion de Driss Basri, l’UC reste dans les esprits comme un parti «d’administration», sans véritable positionnement politique. Mohamed Sajid entre à l’UC en 1993, alors que le parti est encore au faîte de sa renommée, premier parti du pays, et représenté au gouvernement.

«J'ai trouvé un parti complètement léthargique»

Depuis, l’UC s’est délitée, perdant son audience comme ses soutiens pour devenir un parti de notables et d’élus locaux. Il reste cependant à ce titre le 7e parti du pays en nombre de députés à la Chambre des représentants. «Quand j’ai repris les rênes du parti, j’ai trouvé un parti complètement léthargique, sans odeur, sans saveur, sans positionnement. Il s’est éloigné de l’exécutif et est resté dans l’opposition pendant 17 ans», explique Mohamed Sajid.

A l’approche des législatives, l’ancien maire de Casablanca cherche à se donner une carrure nationale, dans le but très vraisemblablement d’entrer au prochain gouvernement. «Je ne veux pas rentrer dans ce genre de débat, avec ou contre, s’allier avec un parti ou un autre. La première des choses à faire c’est de reconstruire ce parti, définir sa personnalité, lui donner une position claire, avant de se placer dans un camp ou dans un autre», assure cependant l’ancien maire de Casablanca.

Quelle est cette position, alors ? «Nous sommes en train de travailler sur un programme, la définition de nos positions, d’une stratégie», répond-il simplement. «Nous avons déjà pris position sur certains sujets, comme l’héritage, les PPP, les hydrocarbures, les universités, la VoIP », précise et ajoute Anouar Zine candidat malheureux au secrétariat général du parti et secrétaire général de l’Organisation de la jeunesse constitutionnelle. De fait, les idées de l’Union Constitutionnelle, ses convictions et le modèle qu’elle défend pour le Maroc se limite aujourd’hui à des prises de positions sur des sujets d’actualité.

«Il ne faut pas croire qu’un politique est plus doué qu’un technocrate»

Même là, cependant, Mohammed Sajid reste timoré. Sur la question de la répartition de l’héritage entre homme et femme, «l’UC a organisé des débats sur ce sujet et en a sorti une conclusion : rien dans notre livre sacré ne peut justifier une position dogmatique sur ce sujet. On ne peut pas rester figé sur une position qui n’est pas celle d’aujourd’hui», explique-t-il. «Sur l’héritage notre position est plus avancée, précise Anouar Zine. Nous sommes pour le libre choix des individus. Aujourd’hui, un parent qui fait le choix d’un partage équitable entre ses enfants n’est pas certain que son vœu sera suivi après sa mort. Aujourd’hui, un fils peut se retourner contre sa sœur et obtenir gain de cause. »

Devenir un parti politique à part entière n’est pas chose aisée, car si Mohamed Sajid veut rénover son parti, il reste fortement imprégné par sa logique antérieure à laquelle il participe depuis 23 ans. Quand un élève de l’UIR l’interpelle sur la nécessité pour les partis politiques de se saisir de la question des langues dans l’éducation parce qu’elle aurait été trop longtemps abandonnée à l’administration, Mohamed Sajid s’inscrit en faux. «On veut confier le sujet de stratégie de l’éducation à des partis quand justement ils sont totalement décrédibilisés. Il ne faut pas croire qu’un politique est plus doué qu’un technocrate. Il faut que les partis soient assez attractif pour attirer des calibres qui permettent de traiter des questions comme les langues de l’éducation», assure-t-il, comme s’il n’avait lui-même guère d’idée sur le sujet.

«Sur la question de la langue de l’éducation, l’UC a été le seul parti à prendre position pour dire que l’on n’a pas le droit d’hypothéquer l’avenir par des considérations populistes et politiciennes et que nous devons être pragmatique», explique ainsi un Mohamed Sajid consensuel. Préciser sa pensée serait-il prendre le risque de s’aliéner ceux qui pensent autrement ? «Sur la questions de la langue dans l’enseignement des expériences pilotes avaient été menées avec succès dans des matières technique et même en formation professionnelle. Selon nous, il ne faut pas faire des calculs politiciens, mais faire le choix de ce qui est le plus commode. Le Maroc est placé entre l’Europe et l’Afrique et le Français, dans ce contexte, est un bon outil », ajoute, encore une fois, Anouar Zine. «Nous n’avons pas un positionnement idéologique, mais utilitaire. Jérémy Bentham a ainsi développé le concept d’utilitarisme», lance-t-il en s’éloignant.

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Auteur : matis79
Date : le 19 février 2016 à 13h17
"La seule compétence être l'héritier de papa"

Tu parles du Roi?
Passionnant ...
Auteur : UnChamali
Date : le 19 février 2016 à 12h09
C'est vrai après tout pourquoi avoir un programme ou une idéologie ? Ces ploutocrates n'ont pas besoin de çà... La seule compétence, être l'héritier de papa.

Le pouvoir ? Un moyen d'améliorer le cadre de leurs affaires personnelles

Pourquoi les fatiguer avec ces questions hors-sujet politique, que sont l'idéologie, le programme, l'avenir du pays.. etc...

Tout ceci est très loin du schéma de pensée dans lequel évolue ce genre d'individu, et sans rapport aucun avec leurs préoccupations quotidiennes.

Naïf que vous êtes. Tout ce que peut espérer le citoyen de nos jours, c'est que l'avidité de ses dirigeants ne les mène malgré eux à développer le pays, et très accessoirement en parallèle de leur enrichissement personnels et très à la marge un hypothétique enrichissement des autres habitants du pays.

Les Marocains profiterons des miettes, et c'est déjà pas mal, même un luxe à comparer aux autres de nos jours.
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