France : Des déchus de la nationalité convoqués pour rendre leurs papiers français

5 personnes dont une d’origine marocaine, déchus de leur nationalité française 5 ans après avoir purgé leur peine, avaient été convoquées dans une préfecture d’Ile-de-France, pour rendre leurs carte d’identité et leur passeport français, rapporte 20 minutes.

Les 5 désormais ex-binationaux concernés par la convocation, d’origine algérienne, marocaine et turque, ont reçu la notification de la déchéance de leur nationalité française le 7 octobre 2015, depuis que le Conseil d’Etat a validé cette mesure sur proposition de Bernard Cazeneuve. «Pour moi, ce sont les premières victimes de la fuite en avant sécuritaire du gouvernement. On veut faire d’eux des exemples pour l’opinion publique alors qu’ils n’ont rien à voir avec les événements de 2015», commente William Bourdon, leur avocat.

Pour rappel, ces 5 convoqués ont été condamnés pour «association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste» pour leur implication dans les attentats de Casablanca en mai 2003 qui a fait 43 morts.

Même prison que Kouachi

«On a toujours clamé notre innocence. Mais on n’avait pas les moyens financiers de faire appel du jugement. Alors, on a choisi de purger notre peine. En sortant de prison en 2010, on croyait pouvoir tirer un trait sur tout ça», se défend Fouad, un ex Franco-marocain qui a partagé la même cellule que Chérif Kouachi, un des auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo. Un motif aggravant pour Bernard Cazeneuve qui a annoncé devant les députés que les 5 ex-détenus vont être déchus de leur nationalité française. «Est-ce de ma faute si j’étais dans la même prison que Kouachi, questionne Fouad ? Il y avait aussi Carlos et Antonio Ferrara avec moi… Pourquoi ne pas me le reprocher aussi ?», s’interroge encore Fouad. «Nous sommes libres depuis 2010. Mais ce n’est qu’en 2015 que l’Etat a décidé qu’on devenait dangereux pour la société», complète un autre.

Mais c’est surtout la perspective d’être expulsés de France qui inquiètent ces binationaux après la remise de leurs papiers français. Un journaliste de 20 minutes qui les a rencontrés le jour de la remise de ces papiers a évoqué le sujet avec eux. Et les réponses sont allées un peu dans tous les sens. «Mes enfants sont Français, ma femme est Française. Et je dois les laisser ici ?», répond l’un. «Moi, je ne parle même pas l’arabe marocain», lance Fouad. «Je dois faire une croix sur l’entreprise que j’ai montée et qui emploie six personnes ? En cette période de chômage ?», s’inquiète un autre.

Cette expulsion ne devrait cependant pas intervenir avant le verdict décisif du Conseil d’Etat qui sera rendu en été sur leur recours. «La mère patrie abandonne ses petits. Mais nous ne sommes pas prêts à abandonner notre combat», finit par conclure l’un d’eux.