Le Maroc est connu pour être une terre d'émigration mais moins comme récente terre d'immigration. Quand le flux migratoire s'inverse, certains élus marocains adoptent les mêmes positions que certains politiques européens. Ainsi, des élus du RNI au conseil communal de Tiznit ne veulent ni de migrants subsahariens ni de réfugiés syriens. Ils ne s'en cachent pas et n'ont pas hésité à écrire noir sur blanc. Dans une demande écrite adressée au président de la commune de Tiznit, les quatre conseillers appartenant au groupe du RNI s’insurgent contre les «catastrophes sociales» qui «envahissent» les principales artères de leur ville.
Par ces mots stigmatisant, les RNIstes pointent du doigt les arrivées récentes de migrants africains et de réfugiés syriens. Ils demandent ainsi au président qu'il prenne les mesures nécessaires pour expulser ces nouveaux arrivants. Plusieurs acteurs associatifs ont dénoncé la sortie stigmatisante des conseillers de la Colombe qu’ils qualifient même de «scandale».
Ce dérapage des camarades de Salaheddine Mezouar à Tiznit a été dénoncé par les autres politiques RNIstes de la province, indique un média local. En témoigne la réaction de Rabiaâ Adrak, élue du conseil de la région Sous-Massa, qui a affirmé que les élus en question ne «la représente pas», rapporte la même source. Mais pour le moment, la direction du RNI à Rabat n’a pas encore pris de sanctions disciplinaires contre les élus.
Des précédents politiques mais aussi médiatiques
Le cas de ces élus locaux n'est malheureusement pas isolé, il y a déjà eu des précédents à la Chambre des représentants par exemple. Des députés avaient posé des questions similaires à celle des RNIstes de Tiznit contre les migrants étrangers et les juifs d’origine marocaine mais sans susciter à l'époque de polémique.
Au niveau de la population, ces expressions stigmatisantes, voire parfois racistes, à l’encontre de ressortissants subsahariens et syriens sont de plus en plus fréquentes. La haine se manifeste même parfois par des agressions physiques. Et certains médias contribuent à jeter de l’huile sur le feu.
En 2005, une publication arabophone à Tanger (Le Journal de Tanger) avait titré en Une : «les criquets noirs envahissent les villes du nord». Le parquet de la capitale du Détroit avait du intervenir ordonnant la saisie du journal. Sept ans plus tard, c'était au tour de Maroc Hebdo, un magazine marocain francophone de titrer sur «le péril noir» en référence aux migrants subsahariens.