Le collectif contre l'islamophobie en France(CCIF) a profité hier de la présentation de son rapport annuel pour critiquer durement l'état d'urgence. L'organe dénonce "le ciblage tous azimuts" des musulmans de France notamment par des perquisitions violentes mais aussi des assignations à résidence abusives, rapporte le quotidien français Le Monde.
Le CCIF a produit des chiffres appuyant son constat. Il indique avoir été saisi de quelques 300 plaintes pour discrimination. Parmi ces plaintes, le CCIF indique que 152 concernent des perquisitions menées dans le cadre de l'état d'urgence et 57 les assignations à résidence. Pour Yasser Louati, le porte-parole du CCIF, les musulmans en France sont "humiliés", "traités en ennemis de l'intérieur". Un traitement dégradant qui selon lui induit chez cette partie de la population française, "un risque de basculement".
Sur les perquisitions menées dans le cadre de l'état d'urgence, le rapport critique les conditions "arbitraires" dans lesquelles sont prises les décisions. Toujours selon le rapport, ces décisions prises par les préfets prennent pour base des «notes blanches [notes de renseignement parfois non sourcées ou non étayées] peu fiables». Les perquisitions sont souvent conduites avec «brutalité» et «une volonté d’humiliation», précise le rapport. «Il y a un sentiment de représailles chez une partie des victimes», ajoute le CCIF.
Hors état d'urgence, le rapport note que les actes islamophobes en France en 2015 ont atteint un total record de 905 cas soit une augmentation de 18,5% par rapport à l'année 2014. Un chiffre loin des 429 actes recensés par la Dilcra qui contrairement au CCIF ne comptabilise que les actes et faits ayant fait l'objet d'une plainte
Après la réception des plaintes sur les perquisitions et assignations à résidence, le CCIF met les victimes en contact avec des avocats pour plaider leur cas.