«On ne connaît pas le pays de nos parents. On y allait seulement pendant les vacances quand on était jeunes. Moi, ça fait 16 ans que je n'ai pas mis les pieds au Maroc. Je ne connais donc pas ce pays», témoigne à RMC Karim, 39 ans, né au Maroc et arrivé en France à l’âge d’un an. «C'est vrai que civilement on nous a retirés notre identité mais dans notre cœur on sera toujours Français», renchérit Fouad, 40 ans, né au Maroc et arrivé en France à l’âge de 3 ans.
Ils sont deux des quatre Franco-Marocains déchus de leur nationalité française le 7 octobre dernier. Arrêté en 2004, il avait été condamné pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un attentat». Depuis leur libération en 2009, ils n’ont plus eu de soucis avec la justice et ont refait leur vie. Aujourd’hui, ils s’occupent entre leur travail et leur famille.
Cependant sommés par la préfecture de déposer leur carte d’identité avant le 17 février prochain, ils risquent l’expulsion vers le Maroc. Mais les deux hommes ne se voient par vivre au royaume. «La France c'est notre enfance», confie Karim. «Où que l'on soit dans ce monde, on se sentira toujours Français. On pensera français, on réfléchira français… On sera Français», ajoute Fouad.
Peur d'être torturé
Les deux hommes estiment qu’après avoir purgé leurs peines d’emprisonnement, ils ont «payé [leur] dette» envers l’Etat et la société française. «On ne peut pas être les boucs émissaires d'une politique répressive», argue Karim faisant allusion à l’actuel débat autour de la déchéance de la nationalité.
Mais outre cette identité française que les deux hommes ne veulent pas perdre, ils éprouvent des craintes quant à leur devenir une fois au Maroc. «On vit dans une angoisse permanente», confie Karim. «Je veux rester en France car au Maroc, je crains la prison, voire la torture», ajoute-t-il.
Ces derniers mois, les déchéances de nationalité pour les Français d’origine marocaine condamnés pour terrorisme se sont quelque peu multipliées. En règle générale, ils sont directement envoyés en prison à leur arrivée au Maroc. Mais dans le cas de personnes comme Karim et Fouad, le traitement pourrait être différent, vu qu’ils mènent depuis sept ans une vie paisible en France.