Au Caire, le Maroc a réitéré son appel à la «retenue» à l'adresse de l’Arabie Saoudite et à l’Iran. Un message transmis dimanche 10 janvier par la ministre déléguée aux Affaires étrangères à l’occasion d’une réunion extraordinaire de la Ligue arabe consacrée à l'examen de la crise entre Ryad et Téhéran.
Mbarka Bouaida a souligné que «la conjoncture politique régionale et internationale exige aujourd'hui, plus que jamais, de toutes les parties de faire preuve de retenue, d'éviter toute escalade et de ne pas tomber dans le piège des conflits communautaires et sectaires». Dans son allocution, la ministre n’a pas oublié de pointer du doigt la politique étrangère menée par le pouvoir iranien. Et de l’inviter à «l'abandon de l'ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes, le respect des relations de bon voisinage et la traduction de cela sur le terrain».
Le seul allié de l'Arabie Saoudite qui n'a rien entrepris
Mme Bouaida a par ailleurs exprimé «la condamnation totale par le Royaume du Maroc des attaques ayant visé l'ambassade d'Arabie Saoudite à Téhéran et son consulat à Machhad, faisant porter toute la responsabilité au gouvernement iranien dans cette violation des conventions internationales en matière de protection des missions diplomatiques».
Le Maroc est le seul allié traditionnel de l’Arabie Saoudite dans la région arabe qui n’a ni rompu ses relations avec l’Iran -à l’instar du Bahreïn et du Soudan-, ni rappelé son ambassadeur pour consultation, comme le Qatar ou le Koweït. Le royaume n’a pas non plus réduit sa représentation diplomatique comme l'ont décidé les Emirats arabes unis ni même suivi l’exemple de la Turquie en convoquant l’ambassadeur iranien pour lui adresser des protestations.
Par cette position modérée, Rabat pourrait, dans les mois à venir, jouer un rôle de médiation entre Ryad et Téhéran ou faciliter, comme il l'a déjà fait dans la crise libyenne, le processus de dialogue amorcé par l’envoyé des Nations Unies, Staffan de Mistura.
Rappelons que le 19 juin 2015, l’ambassadeur d’Iran, Mohamed Taqi Moayed, présentait ses lettres de créances au roi Mohammed VI. Un acte qui a scellé la normalisation des relations entre les deux pays et ce après six années de rupture suite au différend sur le dossier du Bahreïn.