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Grand Angle

Espagne : Une association accuse le Polisario de « crimes contre l’humanité »

En Espagne, une association se bat depuis sa création en 2006 pour faire la lumière sur les actes commis par le Polisario contre des ressortissants espagnols, civils et militaires, durant les années 70 et 80. L’Association Canarienne des Victimes du Terrorisme compte à cet effet présenter une plainte contre le Front pour «crime contre l’humanité».

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Lucía Jiménez, présidente de l'Acavite (DR)
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L’Association Canarienne des Victimes du Terrorisme (Acavite) compte présenter une plainte contre le Polisario pour «crime contre l’humanité» devant la justice espagnole. L’ONG avance le chiffre de 300 victimes d’actes commis, entre 1970 et 1980, par les partisans du Front. Les victimes seraient des pêcheurs, des chefs d’entreprises et des membres de l’armée et tous citoyens espagnols.

L'Acavite reconnait, indique un média local, qu’elle n’a pas encore établi une liste exhaustive de toutes les victimes. Néanmoins, elle entend lancer une procédure judiciaire en se basant sur les 130 noms en possession du ministère de l’Intérieur espagnol.

40 ans d’oubli

La démarche de l’association présidée par Lucía Jiménez, dont le père a été assassiné par le Polisario, risque de faire ressortir des dossiers enterrés depuis plus de 40 ans. Et pour cause, la justice espagnole n’a jamais réussi à résoudre de nombreux crimes attribués aux hommes du Polisario. Une chape de plomb pèse, depuis des années, sur ce très sensible dossier. Mais ces affaires commencent sérieusement à embarrasser les autorités de Madrid, notamment face à la montée des revendications des familles des victimes qui réclament justice et vérité.

Le 6 novembre dernier, l’Etat espagnol, tentant de reconnaitre un peu tardivement sa responsabilité, a décoré 40 victimes du terrorisme du Polisario. C’est à la suite de cette reconnaissance officielle que l'Acavite a contacté Miguel Ángel Rodríguez Arias, un célèbre avocat en Espagne, pour lui demander de déposer une plainte contre le Polisario et de mener les investigations qui s’imposent. Et ce n’est pas un hasard si le jeune avocat a été sollicité. Il a en effet déjà fait ses preuves sur le dossier de victimes de l’ETA, l’organisation indépendantiste basque.

En 1985, le Polisario fâche le gouvernement espagnol

Pour retrouver la trace des derniers faits d’armes du Polisario, il faut remonter au 20 septembre 1985. Des membres du Front se trouvant à bord d’une vedette s’en sont pris à un chalutier espagnol qui se trouvait dans les eaux internationales, non loin de Boujdour. L’attaque avait causé la mort d’un marin-pêcheur alors que six de ses compagnons avaient été enlevés et conduits aux camps de Tindouf.

Le lendemain, un patrouilleur de l’armée espagnole chargé de retrouver les pêcheurs disparus subira le même sort. Le bilan faisait état à l’époque du décès d’un soldat et d’une dizaine de blessés. Le gouvernement du socialiste Felipe Gonzalez réagira en fermant la représentation du Polisario et en déclarant son représentant persona non grata le 29 septembre 1985. Mais quelques semaines plus tard, les deux attaques seront vite oubliées.

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