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Grand Angle

Déchéance de nationalité : Selon des nés Français d’origine marocaine « la France fuit sa responsabilité »

Un sondage BFMTV a révélé aujourd’hui que 86% des Français étaient favorables à la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français condamnés pour terrorisme. Mais de leur côté, des nés Français d’origine marocaine rejettent fortement la constitutionnalisation d’une telle mesure. D’après eux, la France est en train de vouloir faire endosser sa responsabilité aux pays d’origine. Explications.

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Temps de lecture: 4'

Mehdi* B. est né à Paris et n’a jamais quitté l’Hexagone excepté pour des vacances passées au Maroc notamment. Après un diplôme d’ingénieur, il fait actuellement un Master en Génie civil. Le jeune homme ne cache pas son incompréhension face au projet de déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français que le gouvernement veut introduire dans la Constitution. «Cela revient à dire que si quelqu’un est un criminel, il n’est pas de chez nous, alors, on lui enlève la nationalité. C’est trop facile», argue-t-il.

De quoi accroitre la haine envers la France

D’après lui, une telle mesure ne fera qu’amplifier le phénomène de la radicalisation et pousser les jeunes musulmans dans les bras des groupes terroristes, lesquels usent de toutes sortes d’approches sur les réseaux sociaux afin de séduire le plus grand nombre. «Si cette mesure est adoptée, certains citoyens pourraient ressentir le rejet et cela ne fera qu’accroitre la haine envers la France chez eux», explique le jeune homme.

Au-delà de l’injustice, d’autres y voient une mesure «inapplicable, sinon très difficilement applicable», estime Abdallah Laassikri, gérant de Ootilease.com, une société spécialisée dans le marché du leasing. Né à Colombe dans le 92, cet entrepreneur ne comprend pas comment le gouvernement pourrait justifier la déchéance de la nationalité pour une catégorie de nés Français. «Autant on peut avoir deux nationalités, autant on peut être étranger au pays d’origine. J’ai pleins d’amis qui ne parlent pas l’arabe et qui n’ont pas de connaissances poussées dans la culture de leurs pays d’origine, que ce soit le Maroc, l’Algérie, la Tunisie ou même le Sénégal», explique le trentenaire.

Depuis que le projet du gouvernement a été révélé, de nombreuses voix se sont élevées, dans le milieu politique notamment pour dénoncer une mesure clivante. Même au sein du Parti socialiste, les élus sont divisés sur la question. La polémique a été si forte que la semaine dernière, des sources à l’Elysée confiaient à la presse que le président François Hollande aurait abandonné l’idée de déchoir de la nationalité les nés Français condamnés pour terrorisme. Une information que l’actualité de ces derniers jours est venu vite démentir.

«Cette mesure ne protègera personne d’une kalachnikov»

Ce mercredi en tout cas, un sondage BFMTV révélait que 86% des Français sont pour la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français condamnés pour terrorisme. «Pourquoi les Français de souches disent qu’ils sont d’accord ? Parce que ça ne les concerne pas et qu’automatiquement, on pense à une catégorie de personnes bien précise quand on parle de binationaux condamnés pour terrorisme», déclare Salem Fkire, président de Cap Sud MRE. «Ce projet n’a pour seul but que susciter le débat autour d’une seule et même communauté : les musulmans de France», ajoute ce natif de Saint-Denis.

D’après lui, le gouvernement occulte la «vrai question», celle de savoir si la déchéance de la nationalité est utile ou pas dans la lutte contre le terrorisme. «Ce qui est plus grave et qui me fait peur, cette mesure ne me protège pas d’une balle de kalachnikov. Ni moi, ni aucun des 86% de Français qui sont pour la déchéance de la nationalité», argue ce responsable associatif appelant les politiques français à apporter les «vraies réponses aux problèmes de la société française». De plus, sa crainte, dit-il, est de voir s’étendre les motifs de la déchéance de la nationalité à l’avenir si elle est constitutionalisée.

Mesure méprisante vis-à-vis des pays d'origine

Mounir Lyame, le franco-marocain du Front de gauche qui a battu le FN à Vierzon dans le Cher aux départementales de mars dernier, craint également qu’ «une fois la boite de pandore ouverte», n’importe quel binational né Français ne soit soumis à une potentielle déchéance de la nationalité. «Mais il faut surtout comprendre de qui on parle. Ces jeunes sont nés en France, éduqués en France… et on veut du jour au lendemain, suite à un acte terroriste, les renvoyer dans leur pays d’origine, sauf qu’il n’y a pas vraiment de pays d’origine qui tienne», soutient l’élu de 30 ans natif de Vierzon. «Nous à titre d’exemple, on ne connait rien du Maroc, si ce n’est les deux mois que nous y passons chaque année pour dépenser des euros. Et vice-versa, le Maroc ne sait rien de nous», argue-t-il.

M. Lyame estime que renvoyer les terroristes dans «les pays de leurs parents», c’est «remettre la responsabilité» de leurs actes aux pays d’origine. L’élu se dit d’ailleurs «surpris du silence de ces pays d’origine». «Tout le monde sait très bien que cette mesure ne vise pas les Américains, ou les Espagnols ou les Anglais, mais plutôt les pays du Maghreb», lance-t-il.

«La position des autorités françaises est parfaitement méprisante pour les pays d’origine», renchérit Abdallah Laassikri. «Pourquoi un terroriste devrait perdre sa nationalité française et retourner dans son pays d’origine ? Pourquoi ne pas retirer la nationalité française à tous ces brillants binationaux qui ont réussi ? Pourquoi ne pas les renvoyer dans leurs pays d’origine pour qu’ils y apportent leur savoir-faire ?», se demande le chef d’entreprise.

Pour Mounir Lyame, tout comme les autres binationaux, les choses sont claires : «quand des binationaux nés Français deviennent des personnes brillantes, elles sont des produits de la République. Quand d’autres deviennent des terroristes, je suis désolé, ce sont aussi des produits de la République». «La France n’a pas à fuir sa responsabilité», martèle l’élu.

*Le nom a été changé à la demande de l'intéressé.

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Mea culpa
Auteur : UnChamali
Date : le 04 janvier 2016 à 16h44
Je n'avais en effet pas compris votre commentaire
Explication
Auteur : matis79
Date : le 04 janvier 2016 à 15h24
En quoi ce que tu cites a t-il un rapport avec ce que tu écris dans ton post précédent?

J'ai dit que les mesures prises dans le cadre de la lutte anti-terroriste permettront demain à l'extrême droite si elle arrive au pouvoir d'expulser facilement des arabes, des musulmans en les traitant de terroristes, même s'ils ne le sont pas.
Un opposant à l'extrême droite, parce qu'il est opposant pourra être expulsé facilement s'il est d'origine maghrébine. Si on veut lui retirer la nationalité française et l'expulser, on le qualifiera simplement de terroriste, en disant qu'il porte atteinte à la sûreté de l'état.
Il sera considéré par l'extrême droite comme un terroriste, parce qu'il est opposant.
Alzheimer
Auteur : UnChamali
Date : le 04 janvier 2016 à 09h04
Je te cite: "Le terme de terrorisme est un fourre-tout, il était employé par les colons au Maghreb pour désigner les résistants, par les allemands en France par les Etats-Unis en Irak, par Israël en Palestine."
Quel intérêt de dire çà alors ?
Explication de texte
Auteur : matis79
Date : le 04 janvier 2016 à 00h03
CHAMALI,

je n'ai pas comparé les résistants aux fanatiques d eDaesh, jamais.

Tu n'as rien compris, apprends donc à lire.
Toujours les mêmes arguments
Auteur : UnChamali
Date : le 03 janvier 2016 à 18h53
Juste pour info, les résistants luttaient pour 'libérer leur pays de l'occupation de l’Allemagne Nazie, qui parmi d'autre chose demandais de déporter des personnes vivants en France sur la base de leur religion.

Ces 'terroristes' abusivement appelés ainsi par l'occupant ne sont pas comparables aux maghrebins vivant du rmi belge qui assissent aveuglément aux terrasses des cafés sans aucune raison valable, au nom de Daesh, de l'esclavagisme et du viol collectifs des minorités kurdes... Contre ces derniers il n'y a aucune pitié à avoir.

Les résistants faisaient la fierté des impuissants, ceux ci font la honte et ajoutent aux problèmes de la majorité silencieuse.
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