Lakhdar Brahimi mènerait-il une médiation entre le Maroc et l’Algérie ? L’ancien émissaire des Nations Unies a été reçu officiellement, hier, par le président Abdelaziz Bouteflika, rapporte brièvement le quotidien El Moujahid. Cette audience suscite l’intérêt de certains médias locaux.
La publication arabophone Echourouk s'est interrogée sur la teneur des entretiens entre les deux hommes, rappelant que c’est d’ailleurs la deuxième fois en l’espace de trois mois que le locataire du palais Al Mouradia accorde du temps à Brahimi, après celle de septembre. En revanche, il faut savoir que le président algérien refuse toujours d’accéder aux demandes d’audience exprimées, depuis le début novembre, par un groupe de personnalités politiques.
El Youssoufi à Rabat, Brahimi à Alger ?
Le journal conservateur, très proche de Bouteflika, a évité d’avancer la piste d’une mission de médiation entre Rabat et Alger, confiée à Brahimi par son président, pour expliquer ces réunions. Mais il faut rappeler que l’ex-envoyé de l’ONU en Syrie était présent, le 30 octobre à Rabat, à la cérémonie de commémoration du cinquantenaire de l’enlèvement de l’opposant Mehdi Ben Barka, organisée par Abderrahmane El Youssoufi.
Cette présence avait interpellé la presse marocaine. Elle était d’ailleurs la première à l’inscrire dans le cadre d’efforts visant une réconciliation entre les deux frères-ennemis. Une source proche de l’ancien premier ministre avait d’ailleurs confirmé brièvement cette hypothèse à notre site. Elle nous avait notamment expliqué qu’El Youssoufi était très concerné par une normalisation des relations entre Rabat et Alger.
Ces entretiens entre Abdelaziz Bouteflika et Lakhdar Brahimi viennent alimenter toute une suite de signes en provenance du voisin de l’Est sur une certaine inflexion de la position algérienne sur le dossier du Sahara occidental. Certes, rien n’est encore assuré, sachant que le processus est très compliqué et de longue haleine mais la question de «l’indéfectible appui» d’Alger au Polisario ne relève désormais plus du tabou. Amar Saidani et Louisa Hanoune, tous deux proches de Saïd Bouteflika, sont les fers de lance de cette nouvelle approche politique qui semble se dessiner tout doucement.