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Grand Angle

Marrakech : 13 sociétés en colère contre Alliances pour des impayés

Impayées depuis plus d’un an dans le cadre du projet Al Maaden à Marrakech, 13 sociétés montent au créneau contre le groupe Alliances. Malgré leurs plaintes reçues par la justice, elles n’ont toujours pas obtenu gain de cause. Ayant l’impression d’être le dernier souci du groupe immobilier marocain, elles manifestent depuis près d’une semaine et entendent maintenir la pression jusqu’à obtenir réparation.

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Depuis le 4 décembre, 13 sociétés manifestent devant le complexe Al Maaden Golf Resort.

Derrière la beauté vantée du luxueux projet Al Maaden à Marrakech se cachaient de nombreuses zones d’ombre. Et celles-ci ont été dévoilées au grand jour le 4 décembre dernier, lorsqu’un collectif de 13 sociétés a lancé une manifestation devant le complexe Al Maaden Golf Resort, réclamant leur dû au maître d’ouvrage EMT Bâtiment (EMTB), filiale de EMT, elle-même filiale du groupe Alliances. Depuis, des banderoles y sont visibles 24 heures sur 24 et des ouvriers y assurent la permanence. «Nous resterons là jusqu’à ce que M. Lazrak [le PDG d’Alliances, ndlr] réponde à nos réclamations», indique à Yabiladi Jalil El Gadiri, porte-parole du collectif.

De 100 000 à 3 millions dh d'impayés pour chaque sous-traitant

Les sociétés concernées sont spécialisées dans la plomberie, l’électricité, la menuiserie aluminium, ou encore la peinture. Elles ont signé des contrats de sous-traitance avec le maitre d’ouvrage pour réaliser des travaux sur les différents chantiers d’Al Maaden. Le projet a été mis en stand-by en 2014, et depuis ils n’ont plus touché aucun sou. «Les sommes dues diffèrent d’un sous-traitant à l’autre. Elles vont de 100 000 à 3 millions de dirhams», confie à Yabiladi l’adjoint au porte-parole, Abdelouhed Ouakib, qui cumule personnellement à ce jour 542 000 dirhams d’impayés chez EMTB depuis septembre 2014. Jalil El Gadiri, quant à lui, n’a plus rien reçu depuis juin de la même année. Il en a pour près d’un million de dirhams avec ses deux sociétés dont l’une fait de la prestation de services et l’autre de la fourniture d’équipements.

Au départ, ces sous-traitants n'imaginaient pas qu’ils auraient à attendre aussi longtemps. «Ils nous demandaient de patienter, disant que c’est la crise», lance M. Ouakib. Sauf qu’au fil du temps, ils ont eu l’impression d’avoir été roulés dans la farine. Plusieurs d’entre eux ont porté plainte contre le maître d’ouvrage. «Nous avons les jugements au nom de Sa Majesté. Avec ça, nous pouvons saisir les biens d’EMTB. Mais le problème c’est qu’ils n’ont rien. Tout est loué, même les conteneurs sur le chantier. Ils n’ont pas de siège, ils font de la domiciliation…», explique M. Gadiri.

D’après le porte-parole du collectif, si 13 sociétés seulement sont engagées dans ce combat, plus de 30 entreprises seraient victimes d’impayés dans le cadre du même projet. «EMTB avait réussi à calmer certaines d’entre elles en leur promettant des appartements en échange, mais elles n’ont rien obtenu», affirme-t-il.

«Alliances fait la sourde oreille»

Cette situation a naturellement plongé les sous-traitants dans d’énormes difficultés financières. Jalil El Garidi, à titre d’exemple, a dû vendre sa maison pour payer ses dettes. «Je n’avais pas d’autre choix. Dans notre activité, on est obligé de donner des garanties quand on prend de la marchandise. A un certain moment, je ne pouvais plus honorer mes engagements. Maintenant je suis dans un appartement en location parce que le groupe Alliances fait la sourde oreille», dit-il.

Selon le collectif, les dirigeants d’EMTB disent qu’ils n’ont pas d’argent pour régler les impayés. «Mais n’est-ce qu’une filiale d’EMT, elle-même propriété du groupe Alliances. On présente toujours Al Maaden comme le plus grand golf d’Afrique du Nord… Là-bas, c’est le grand luxe. Les grandes villas ne coûtent pas moins de 15 millions de dirhams, alors qu’est-ce qu’une dizaine de millions pour M. Lazrak ?», s’interrogent les deux hommes.

Du côté d’EMTB et Alliances, pas moyen d’obtenir la moindre explication. Nous avons tenté en vain de joindre la filiale. Et au showroom d’Alliances à Marrakech, on nous a renvoyé vers le bureau chargé d’Al Maaden mais sans plus de succès.

«M. Lazrak s’en fou de son image. Nous sommes désolés d’en arriver là, mais nous allons maintenir la pression jusqu’à ce qu’il paye», assure Jalil El Gadiri. Il a également tenu à avertir qu’en dehors de Marrakech, d’autres projets pourraient connaître le même sort qu’Al Maaden, à Casablanca et à Rabat notamment. D’après lui, «près de 1 000 sociétés dans tout le Maroc» auraient des impayés chez le groupe Alliances.

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