Le Maroc a été le 34ème pays en développement sur 149 à travers le monde à être le plus touché par les fuites de capitaux entre 2004 et 2013. Sur cette période, le royaume aurait perdu en moyenne 4,102 milliards de dollars US par an, soit plus de 40 milliards de dirhams. C’est ce que révèle le nouveau rapport du think-thank américain Global Finance Integrity (GFI) sur les flux financiers illicites dans les pays en développement entre 2004 et 2013.
+ de 41 milliards de dollars en 10 ans
Ainsi sur la décennie, le Maroc a cumulé plus de 41 milliards de dollars de pertes dans ces pratiques illégales. Les années les plus marquées ont été 2005 et 2008, avec plus de 5 milliards de dollars qui ont réussi à être sortis illégalement du pays.
Le moyen le plus utilisé pour ses fuites de capitaux est la facturation commerciale frauduleuse. Ces factures ont permis de sortir en moyenne 3,822 milliards de dollars chaque année. Ce système est employé tant à l’export qu’à l’import grâce à des surfacturations et des sous-facturations.
Les autres transactions illégales sont répertoriées dans les sorties de capitaux spéculatifs et s’élèvent à 279 millions de dollars en moyenne par an. Selon les auteurs du rapport, il s’agit des «fuites du système de balance des paiements». «C’est essentiellement de l'argent qui a disparu de l'économie», expliquent-ils, arguant que cela peut concerner les virements par certaines banques et courtiers de change qui ne sont pas inscrits auprès de la Banque centrale ou toute autre agence de réglementation.
Rabat face à un défi
Considéré par GFI comme plus complet, ce nouveau rapport annonce des flux financiers illégaux moyens annuels quatre fois plus élevés que les chiffres publiés l’an dernier (près d’1 milliard de dollars US). Le think-thank américain explique cela par la modification de sa méthodologie. Dans ses précédentes études en effet, l’ONG ne prenait en compte que les facturations commerciales frauduleuses au niveau de l’export. Mais pour les auteurs de l’étude, les pays destinataires des flux illégaux d’un pays tiers, sont eux aussi susceptibles d’en être des émetteurs vers ce dernier. GFI a pu le constater dans la disparité des données commerciales sur les échanges entre deux nations. C’est ainsi qu’à l’aide d’un logiciel, GFI a pu revoir à la hausse son estimation des fuites.
Selon le think-thank américain, le présent document donne une meilleure visibilité aux gouvernements des pays en développement sur la question des flux financiers illégaux. «Le défi pour eux sera désormais d’aspirer et de mettre en œuvre des politiques plus efficaces afin de freiner ce phénomène. Cela aura un effet catalyseur sur la capacité de l’Etat à répondre aux besoins de ses populations les plus vulnérables», a estimé Raymond W. Baker, président de GFI.