C’est à Nador que le député du PJD, Abou Zaid El Idrissi, a choisi de révéler à une assistance venue l’écouter à l’occasion d’une rencontre du MUR une page peu connue de l’Histoire de Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi. Le conférencier, fervent défenseur de la cause palestinienne, a déclaré que le héros de la guerre du Rif avait été désigné par une assemblée d’oulémas (sunnites) candidat pour devenir calife des musulmans.
C’était au Caire, le 7 janvier 1925, lors d'une réunion préparatoire du premier congrès des religieux organisé à l’initiative de la direction de l’université Al Azhar. Financé intégralement par le roi Fouad, plus de 800 théologiens musulmans s'étaient réunis dans la capitale égyptienne dans le but d’élire un nouveau calife. Un poste vacant depuis mars 1924, lorsque Mustafa Kemal avait aboli ce régime, mis un terme au règne de la dynastie des Ottomans et proclamé la république.
Ni calife, ni roi
La proposition d’introniser le rifain roi sur des centaines de millions de musulmans «émanait de la délégation palestinienne conduite par le Mufti de ce pays et également imam de la mosquée Al Aksa», a déclaré le député de la Lampe. Et d’ajouter qu’elle avait obtenu l’adhésion de la plupart des religieux à l’exception des Egyptiens qui avaient un autre candidat. Cette quasi unanimité autour de la personnalité d’El Khattabi était logique.
En 1925, les souvenirs de sa victoire lors de la bataille Anoual était encore vifs alors qu’en face de lui il avait un candidat poussé par l'Egypte mais dépourvu de légitimité puisqu'il recevait des ordres de ses «conseillers» anglais ; même si le pays avait proclamé son indépendance trois ans auparavant (protectorat britannique de 1882 à 1922).
Un congrès qui s'était donc terminé sur une note négative pour les organisateurs. Mais bien que l'assemblée avait rejeté l’offre de la direction de l’université Al Azhar, El Khattabi de son côté n’était guère enthousiaste pour endosser le titre de calife. Avec beaucoup de diplomatie, il déclina donc l’offre de l’assemblée des oulémas musulmans sunnites.
Un quart de siècle plus tard, le rifain, alors exilé en Egypte, refusait une proposition émanant cette fois des Français visant à l’introniser roi du Maroc à la place de Mohammed V.