Deux jours après une garde-à-vue prolongée une première fois, le directeur artistique du site d’investigation Le Desk, Mohamed Drissi a été placé en détention provisoire. Le jeune homme a été arrêté le 30 novembre dernier à Casablanca pour avoir joué le rôle de fixeur pour la chaîne de télévision Canal Plus qui réalisait un documentaire d’investigation sur la culture et la vente de cannabis au Maroc, rapporte le quotidien français Le Monde.
Selon le quotidien français citant un de ses collègues, l’homme de 36 ans a été interpellé pour être conduit dans les locaux de la gendarmerie de Casablanca avant d’être amené à Chefchaouen. Le directeur artistique du site marocain est poursuivi pour avoir aidé les journalistes de l’émission «Spécial Investigation» à rencontrer un agriculteur dans le cadre du documentaire «Aux royaumes du shit» diffusé le 18 novembre sur la chaîne cryptée Canal Plus. «C’était en juin. Nous avons employé Simo pendant quelques jours. Il nous a mis en relation avec un agriculteur. Son rôle était strictement celui d’un fixeur sur une mission ponctuelle et anodine», confie le producteur, Marc Berdugo.
Il faut dire que les journalistes français ont filmé sans avoir obtenu au préalable l’autorisation de tournage des autorités marocaines. «Nous avons demandé l’autorisation de tourner, sans jamais recevoir de réponse des autorités, affirme Marc Berdugo. Mais nous avons continué. C’était un travail de longue haleine qui a nécessité plusieurs séjours sur place. Simo n’a travaillé que quatre jours en juin», poursuit-il avant d’ajouter «à l’époque où Simo a été brièvement fixeur, nous étions toujours en contact avec les autorités. Comme nous l’avons fait avec la Guardia civil espagnole, nous voulions interroger les responsables de la lutte contre le trafic de cannabis, côté marocain», continue le producteur français qui n’a pas pu faire intervenir les autorités des deux côtés.
Marc Berdugo, Marocain d’origine, exclut cependant toute tentative d’intimidation par les autorités marocaines pour avoir produit un documentaire réalisé en immersion pendant un an sur la route du cannabis. «Si un message devait m’être adressé, ça aurait été plus direct», a-t-il fait savoir préférant mettre en avant l’urgence à voir Mohamed Drissi libéré. Les proches de ce dernier, inquiets, se sont refusés à tout commentaire.