Maroc : Les agressions sexuelles sur des enfants touchent plus les garçons selon une ONG

Les violences sexuelles à l’encontre des enfants, notamment entre 5 et 14 ans, sont en augmentation au Maroc. Bien qu'il soit difficile de cerner avec exactitude l’ampleur du phénomène, des études réalisées depuis quelques années par des associations ont permis de mieux documenter une question encore taboue il y a quelques années. Ainsi, l’Alliance contre les agressions sexuelles a recensé dans son dernier rapport qu’elle compte présenter aujourd’hui à Rabat, une nette hausse de crimes durant les dix premiers mois de 2015 avec 935 cas.

Une hausse sensible si on compare aux 850 cas sur toute l'année 2014, alors qu'en 2013, 768 crimes ont été enregistrés. Ce bilan, insiste l’ACAS, demeure non-exhaustif. Et d’expliquer que de nombreux actes de violences sexuelles commis à l’intérieur des familles ou par des proches des victimes restent non-déclarés et du coup échappent aux enquêtes de la société civile et à la justice.

Garçons plus touchés que les filles

La Direction générale de la sûreté nationale avaient enregistré, de 2007 à 2012, 11.599 violences sexuelles dont 8.129 cas concernent des filles contre 3.470 pour les garçons, avait indiqué une récente étude de l’UNICEF consacrée à ce sujet. Une tendance qui s'est totalement inversée. Le rapport de l’Alliance contre les agressions sexuelles a recensé cette année 635 cas d’agressions à l’encontre des garçons et 300 sur des filles mineures. La majorité des auteurs de ces crimes appartiennent au cercle familial ou au voisinage des victimes. L’ONG estime qu’ils représentent 69% des plaintes qu’elle reçoit.

L'accroissement de ces actes tire également son explication par un laxisme chez certains juges. En témoigne la condamnation, début novembre, par la cour d’appel de Rabat d’un violeur d'un enfant de dix ans à seulement six mois de prison avec sursis. Un verdict qui est loin d’être un cas isolé. De nombreux magistrats hésitent encore à appliquer la loi à la lettre, ce qui ne manque pas de déclenché régulièrement la colère des associations de protection des droits de l'enfant.