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Grand Angle

Appel de la SNCF : Les cheminots marocains entre déception, colère et optimisme

Après le verdict de première instance, la SNCF avait deux mois pour réagir. L’appel à sa condamnation émis hier, à la dernière minute, a suscité beaucoup de consternation au sein de la communauté MRE. Mais, les chibanis ayant initié cette action en justice il y a 14 ans ne sont pas vraiment surpris et restent tous optimistes pour la suite.

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Photo/France Info
Temps de lecture: 3'

«Dans ce genre d’affaire, il faut être patient parce que tout peut arriver, même à la dernière minute», déclare à Yabiladi d’un ton empreint de déception Ahmed Katim, président de l’Association Ismailya des cheminots marocains. Il réagit ainsi à la décision de la SNCF qui a finalement fait appel hier, lundi 23 novembre, de sa condamnation.

Le Conseil de Prud’hommes avait en effet reconnu la compagnie coupable, lundi 21 septembre dernier, de «discrimination dans l’exécution du contrat de travail» et «dans les droits à la retraite» envers 832 cheminots marocains, la condamnant à verser des dommages et intérêts d’environ 170 millions d’euros (en moyenne de 200 000 euros par chibanis).

A partir de là, la SNCF avait jusqu’au 23 novembre pour réagir. Passé ce délai, la société devait impérativement exécuter la décision de justice. Hier c’est justement à la dernière minute que le groupe ferroviaire a décidé de réagir. «Je ne suis pas du tout surpris», affirme M. Katim qui a initié cette bataille pour rendre justice aux chibanis en 2001. «Avec la crise qu’ils ont traversée, c’est sûr que leurs finances vont mal», ajoute-t-il, estimant toutefois que cela n’explique en rien la décision de la compagnie ferroviaire qui laisse les chibanis «sous le choc».

Ecœurant et indigne

Le choc est encore plus grand parmi ceux qui soutiennent ces retraités marocains. Hier, SUD-rail – qui fournit du matériel de travail à l’association Ismailya- a réagi par voie de communiqué : «La SNCF est écœurante» et «confirme une fois de plus son réel mépris des cheminots les plus fragilisés et laissés de côté durant tant d'années», a commenté l’un des principaux syndicats de cheminots en France.

«Au-delà de la déception, nous sommes en colère», confie à Yabiladi Boualam Azouhoum de l’association Elghorba et du collectif Justice et dignité pour les chibanis. D’après lui, la SNCF est «une société publique mauvaise perdante qui s’acharne». «Et il y a même un peu de cynisme dans leur démarche. Ils veulent jouer la montre», dit-il regrettant que le groupe ferroviaire face primer ses intérêts sur ceux de ces personnes âgées dont un grand nombre est à la retraite depuis longtemps.

Selon l’AFP, la SNCF devrait incessamment expliquer sa décision dans un communiqué. Mais en attendant, la communauté MRE reste consternée. «C’est indigne. Après les tirailleurs marocains, on se retrouve 40 ans plus tard avec la même situation pour les travailleurs», regrette Salem Fkire, président de Cap Sud MRE qui salue au passage le courage et le travail abattu jusqu’ici par l’association Ismailya ainsi que toutes les autres associations qui soutiennent les cheminots marocains de la SNCF. «Le pire c’est que cette nouvelle procédure peut prendre encore des années», regrette-t-il, estimant que cela pourrait avoir un effet néfaste sur le moral, et même la santé des chibanis.

«La SNCF fait un mauvais calcul»

Boualam Azouham est pour sa part très optimiste pour la suite. «La SNCF fait un mauvais calcul, car l’affaire est désormais connue de tous. Tout le monde sait que s’ils ont été condamnés, c’est parce que les faits sont avérés», estime ce responsable associatif. «Attention, la discrimination est un délit en France et la condamnation de grosses sociétés publiques dans ce genre d’affaires ici n’est pas du tout courante», ajoute-t-il.

L’avocate des plaignants, Me Clélie de Lesquen, a elle aussi fait preuve du même optimisme lundi. Qualifiant la stratégie de la SNCF de «dilatoire», elle a estimé que c’est «un suicide moral, politique et financier» pour le groupe ferroviaire qui «risque une condamnation plus lourde» en appel. D’ailleurs, elle espère désormais «des décisions meilleures» pour les chibanis, soulignant qu’en première instance «le préjudice de retraite a été sous-évalué».

Actuellement, tous se mobilisent pour défendre de plus belle la cause des chibanis. Depuis ce matin, les réunions s’enchainent un peu partout en France. «On recommence à travailler pour voir ce que nous ferons exactement», confie Ahmed Katim. A noter la condamnation de la SNCF en première instance a donné beaucoup de courage à d'autres cheminots marocains lésés. Plusieurs procédures sont en cours de préparation.

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jesuis cheminot sncf
Auteur : Abdelkader92600
Date : le 31 août 2016 à 12h12
la SNCF il ma sauvée de la misère je ne peut jamais remercier assez pour moi il mérite pas Etre devant les tribunaux merci la France merci la SNCF
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