Les services de renseignements marocains sont sollicités en Europe, dans la région du Golfe et au Sahel. En témoigne l’envoi d’officiers des renseignements marocains en France et en Belgique au lendemain de l’attentat de Paris du 13 novembre pour apporter leur soutien dans les investigations. Les nombreuses cellules terroristes démantelées ces derniers temps en Espagne avec la collaboration marocaine sont un autre exemple. A cela s’ajoute leur apport dans le démantèlement de la cellule de Saint-Denis. Une aide précieuse que le président François Hollande et des politiques français reconnaissent et saluent.
Les ressources financières sont en défaveur des Marocains
De toute évidence, les moyens financiers ne peuvent en aucun cas expliquer cette «efficacité». Les ressources consacrées aux différents services de sûreté du royaume sont dérisoires par rapport à ceux accordés à leurs homologues français ou espagnols par exemple.
Ainsi, le PLF 2016 au Maroc a alloué à la DGED seulement 1,08 milliard dh. C’est légèrement mieux que le milliard de 2015. Le Bureau central des investigations judiciaires, relevant de la DGST, devra bénéficier quant à lui de 670 millions de dh l’année prochaine.
En revanche en France la DGSE (Direction générale des services extérieures) a reçu en 2015 la somme de 527 millions euros contre 440 M euros en 2014. La Direction du renseignement militaire (DRM), qui relève du chef d’état-major des armées a été dotée d’un budget de 201 M euros en 2015. Quant à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), son budget même s’il est secret, est estimé à 200 millions d’euros. En Espagne, le gouvernement Rajoy a décidé d’accorder en 2016 au CNI (Centro Nacional de Inteligencia) la somme de 240,977 millions euros, soit une hausse de 7,73% par rapport à 2015.
Mais où se situe la force des différentes structures du renseignement du royaume pour leur permettre de multiplier les interventions ? «Je pense qu’elle réside à la fois en l’expérience, l’expertise et la maitrise de l’information. Des qualités auxquelles il faut ajouter une très bonne compréhension du phénomène du terrorisme et une excellente analyse de l’information», nous confie Mohamed Benhammou, le président du Centre marocain d’études stratégiques. Nous avons sollicité l’avis d’autres universitaires mais sans succès, estimant qu’ils ne sont pas «au courant de la cuisine interne des services de renseignements marocains».
Que disent Mansouri et Al Khayam
En octobre 2014, à l’occasion d’une conférence organisée au siège des Nations Unies, Yassine Mansouri avait révélé que grâce à la coopération marocaine, des pays comme la France, l’Espagne et la Belgique ont pu mettre la main sur des cellules terroristes.
Ces actions peuvent même dépasser le cadre de coopération usuelle du Maroc pour atteindre le Danemark. Le patron de la DGED affirmait que des informations en provenance de Rabat ont permis en janvier 2010 à la police danoise de déjouer un complot, orchestrée par Al Qaida, visant à assassiner le caricaturiste Kurt Westergaard.
Douze mois plus tard, le chef du Bureau central des investigations judiciaires, Abdelhak Al Khayam, avait affirmé dans un entretien accordé à une publication en ligne suisse que «grâce à nos renseignements, l’Espagne, l’Italie, la France, la Belgique ou encore les Pays-Bas ont pu déjouer des projets d’attentats. La coopération fonctionne très bien».