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Grand Angle

Gibraltar: Les Marocains victimes de discrimination ?

Le gouvernement de Gibraltar a nié hier lundi, les accusations du syndicat des Transports et de l'Union générale des travailleurs (TGWU) de « discrimination institutionnelle » à l'égard de la communauté marocaine de Gibraltar, rapporte « EuropaSur ».
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Dans un communiqué, le chef du gouvernement, Peter Caruana a qualifié de « fausse » les allégations du syndicat et regrette que l'image de Gibraltar soit ternie sur la base de sources incertaines. De même, le quotidien « The Guardian » rapporte que le premier ministre gibraltarien a jugé la position du Centre international pour les droits syndicaux (ICTUR) d'« extrêmement décevante ». L'autorité de Gibraltar avait été taxée par Daniel Blackburn, directeur de l'ICTUR, après une récente visite sur le territoire revendiqué par l'Espagne, de maintenir un « mauvais système juridique » pour les immigrants.

Le samedi 28 mars, le quotidien britannique « The Guardian » a fait état de «discrimination institutionnelle » à l'égard de la communauté marocaine vivant sur ce territoire. L'auteur, Giles Tremlett a rencontré plusieurs travailleurs marocains qui lui ont étalé les détails de leurs problèmes. Selon le journaliste, certains d'entre eux ont passé près de 40 ans sur le Rocher, mais n'ont toujours pas la possibilité de devenir citoyens de Gibraltar – donc Britanniques – ou d'y vivre avec leurs familles. Ils constituent la « sous-classe » de ce territoire d'outre-mer et vivent souvent dans des conditions sordides qui contraste radicalement avec l'opulence de plus en plus croissante dans l'enclave. Pour Mohamed Harrak, un Marocain de 54 ans, cité par « The Guardian », « Gibraltar est notre prison ». Cet homme demeure dans une auberge de jeunesse. Il vit et travaille depuis 32 ans dans la colonie au sud de l'Espagne, mais voit sa femme et ses trois enfants, seulement une ou deux fois par mois. Selon le journaliste du Guardian, les autorités ont confisqué les passeports des membres de sa famille quand cette dernière lui a rendu visite en été dernier. Le ferry du vendredi soir est le seul moyen pour les travailleurs marocains de sortir de Gibraltar. Mais il arrive souvent que certaines semaines cette liaison ne soit pas assurée En dépit des décennies passées sur le Rocher, ils ne peuvent pas entrer en Espagne et prendre le ferry à Algésiras, vu qu'ils n'ont ni la citoyenneté ni le titre de résident permanent. Le président de l'Association des travailleurs marocains, Mohamad Sarsri, ayant passé 42 ans de sa vie à Gibraltar affirme pour sa part: « nous ne sommes pas des machines. Nous sommes des personnes qui ont le droit d'être avec nos familles ».

Gibraltar est un territoire d'outre-mer britannique avec l'Union Jack qui flotte partout. Mais le gouvernement de Gordon Brown n'a pas le privilège de la délivrance de passeports ou de papiers, selon un porte-parole du ministère des Affaires Étrangères. Les dirigeants se défendent contre les accusations de non reconnaissance des droits pour les étrangers, particulièrement les Marocains. « Tous les travailleurs du Rocher ont les mêmes droits indépendamment de leur nationalité. En conséquence, il n'y a pas de discrimination contre les personnes de nationalité marocaine en matière de droits de l'homme ou de travail » a déclaré Peter Caruana, cité par « EuropaSur ». Il ajouta que dans la plupart des régions du monde, les non-citoyens ont moins de droits et privilèges en tant que citoyens, et non pas en tant que travailleurs, que les nationaux. Peter Caruana rappelle que les étrangers peuvent voter aux élections du Parlement européen, seulement dans deux ou trois pays européens. À ce titre, dire qu'il y a violation des droits des travailleurs étrangers à Gibraltar est « absurde » d'après le premier ministre. Le locataire de la primature reconnaît qu'en même « qu'un ou de deux services publics (par exemple le logement ) ne sont disponibles que pour les ressortissants britanniques. Ce n'est pas le racisme », assure t-il.

En 1969, la main d'œuvre marocaine a sauvé le Rocher. Le général dictateur espagnol Francisco Franco avait fermé la frontière, empêchant les Espagnols d'y travailler. Environ 5.000 Marocains s'y étaient établis. Ils font souvent des emplois que la majorité des 30.000 habitants ne veulent pas faire. Cet enclave est un carrefour multi culturelle où cohabitent les Espagnols, les Britanniques, les Méditerranéens. Au vu des témoignages, la loi ne prévoit pas le même traitement pour tout le monde. « Dans d'autres pays, la discrimination vient de groupes extrémistes, mais à Gibraltar elle existe dans la législation », explique Sarsri.

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