Même si il a nettement réduit ses déplacements à l’étranger, Mohamed Abdelaziz est à Madrid pour prendre part à une nouvelle édition de la conférence européenne de solidarité avec son mouvement. Il a tenu à présider personnellement ce rendez-vous comme en 2014. Hier, le chef du Polisario a tenu un point de presse durant lequel il s’en est pris violemment à l’Espagne.
Abdelaziz a appelé le gouvernement Rajoy à corriger sa «trahison», en référence aux accords tripartites du 14 novembre de 1975 conclus entre les représentants du Maroc, de l’Espagne et de la Mauritanie. Il a estimé que le voisin ibérique avait aujourd’hui «une opportunité de mettre un terme à cette histoire honteuse».
Continuant ses critiques véhémentes, il a placé l’Espagne dans sa liste noire, aux côtés de la France et du Maroc, des pays qui empêchent «les efforts de la communauté internationale» à parvenir à «une solution» au conflit du Sahara occidental. Mohamed Abdelaziz a également appelé Paris et Madrid à cesser d’appuyer les positions de Rabat.
Déception
Ce changement de ton à l’égard de l’Espagne constitue une nouveauté. En 2014 à l’occasion de la conférence européenne de solidarité avec le Polisario, Mohamed Abdelaziz avait adopté une toute autre posture. Il s’était contenté d’inviter le gouvernement Rajoy à assumer son statut de «puissance colonisatrice» du Sahara occidental et d’œuvrer pour la «libération du peuple sahraoui».
L’année dernière le chef du Polisario avait souhaité, dans son discours, que l’élection de l’Espagne au Conseil de sécurité en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité puisse bénéficier à son mouvement. La suite des événements a pris une tournure défavorable au Front. Madrid a en effet appuyé les positions de Rabat.
Cette année, il a sorti la carte du Vieux continent. Le polisarien a appelé à une intervention directe de l’Europe dans le règlement de la question du Sahara occidental. Un vœu pieux, sachant que le dossier est directement géré par les Etats-Unis, et ce depuis presque trois décennies.