C’est une première victoire, mais la vigilance doit être de mise car l’académicien demande l’abandon de cette interdiction et l’arrêt de harcèlements qu’il subit, lui et ses proches, depuis avril 2014 et son implication dans l’ONG Freedom Now. Il a annoncé, de concert avec ses médecins, la suspension de sa grève de la faim, mais qu’il est décidé à reprendre jusqu’à ce que ses droits, de mouvement et d’expression notamment, soient intégralement reconnus et respectés.
Pour rappel, l’historien et militant des droits de l’Homme, Maati Monjib, avait entammer une grève de la faim depuis le 7 octobre, après le refus des autorités de quitter le territoire à l’occasion d’un voyage pour la Norvège, après une première fois lors d'un voyage à Barcelone en septembre.
L’académicien marocain est habitué, en effet, à participer à des forums internationaux, depuis de nombreuses années. Sa qualité de président national de l’ONG Freedom Now et ses initiatives pour encourager le journalisme d’investigation au royaume, en ont fait une cible prioritaire des autorités et surtout du cabinet de l’ombre qui est décidé à faire taire toutes voix critiques au Maroc.
Ali Anouzla, Ali Lmrabet…
On assiste au même scénario déjà utilisé pour neutraliser d’autres cas emblématiques, comme Ali Anouzla (Lakome.com) suite à sa courageuse couverture, en juillet – août 2013, de la grâce royale honteuse du pédophile espagnol, Daniel Galvin, auteur de viols et maltraitances sur 11 enfants marocains, âgés de 2 à 15 ans.
L’autre cas plus récent est celui du journaliste Ali Lmrabet empêché d’avoir une attestation de résidence dans sa ville natale, Tétouan. Les autorités craignant qu’il reprenne du service, après dix ans d’interdiction d’exercer le journalisme au Maroc (2005-2015), ont argué qu’il ne résidait pas à Tétouan. Après près de 2 mois de grève de la faim devant le conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, juin-juillet 2015, et une mobilisation internationale, Ali Lmrabet a été enfin autorisé à retirer son passeport au consulat de Barcelone. Quant à ce qu’il reprenne son activité au Maroc, il y a fort à parier que d’autres obstacles, mêlant procédures administratives et méthodes vicieuses, surgiront sur son chemin.
Des méthodes d'un autre âge
Si pour ces plumes courageuses, informer leurs concitoyens et le monde entier n’a pas de prix, pour les conseillers de l’ombre, au bras long, tous les moyens sont bons pour les en empêcher. Telle est l’équation posée actuellement au Maroc dont le cas de Maati Monjib représente le paroxysme, en empêchant un académicien, reconnu et apprécié, à exercer ses activités scientifiques dans des forums internationaux.
Cette méthode nous rappelle celle utilisée, dans les années 70, par l’ex-Union Soviétique pour empêcher l’académicien Andreï Sakharov de participer, en tant que physicien, dans des forums scientifiques organisés par ses pairs occidentaux. Ces méthodes n’ont pas empêché Andrei Sakharov d’obtenir le Nobel de la paix en 1975, ni l’URSS de s’effondrer 16 ans plus tard. A méditer !