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Grand Angle

Le Plan Maroc Vert doit bénéficier à tout le monde selon l'ONU

Elargir les dispositifs du Plan Maroc Vert aux zones éloignées et aux populations fragiles. Voilà la recommandation phare de la Rapporteuse spéciale de l'ONU après sa mission d'enquête au Maroc. Cette experte onusienne plaide pour un PMV plus inclusif, une agriculture plus respectueuse de l'environnement et la reconnaissance constitutionnelle du droit à l'alimentation. Voici les grandes lignes de son rapport.

Publié
Images d'illustration (DR)/ Crédit Photo: Milan-Maroc 2015
Temps de lecture: 3'

Les recommandations ne vont surement pas tomber dans l’oreille d’un sourd d’autant qu’elles émanent d’une organisation internationale. La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, Hilal Elver, a exhorté les autorités marocaines à étudier les voies et moyens afin que le Plan Maroc Vert (PMV) bénéficie à toutes les régions du Maroc, peut-on lire sur le site du Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme.

Louant les efforts du Royaume dans la réduction de l'extrême pauvreté et l’élimination de la faim via des réformes économiques et sociales cruciales, l’experte onusienne a toutefois émis le souhait de voir les efforts être élargis aux zones éloignées et aux populations vulnérables. «Le Maroc dispose d’un large éventail de politiques et de stratégies bien intentionnées et complétées, notamment l’Initiative National pour le Développement Humain. Ce programme a le potentiel d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays. Cependant, malgré les progrès réalisés, la diffusion de ce programme n’a pu bénéficier à toutes les régions du pays de manière égale à cause de disparités structurelles dans la mise en œuvre et des lacunes dans les infrastructures nécessaires» diagnostique l’experte qui ne s’arrête pas seulement sur les insuffisances de l’INDH. Elle plaide également pour une répartition régionale et équitable des dispositions de mise en œuvre du PMV. «Le Plan Maroc Vert qui a pour objectif le renforcement du secteur agricole, devrait être mis en œuvre de manière égale entre les régions grâce à une consultation efficace avec les populations locales et des services publiques de coordination améliorées. L’infrastructure devrait également être améliorée dans les régions éloignées pour assurer un accès facile aux marchés et attirer des investissements dans les zones rurales, tandis que les projets qui ciblent les femmes et les jeunes agriculteurs devraient être encouragés.» note l’experte qui bouclait sa mission d’enquête sur le Maroc.

Le Maroc devrait intégrer l'agro-écologie et inscrire le droit à l'alimentation dans sa constitution 

Hilal Elver co-dirige à Santa Barbara en Californie un projet de recherche sur le changement climatique, la sécurité humaine et la démocratie. C’est peut-être à ce titre qu’elle rappelle que la désertification et la sécheresse qui pourraient s’accroître dans les prochaines années impacteront l’agriculture. Elle tire donc la sonnette d’alarme. «Les politiques d’adaptation décrites dans le Plan Maroc Vert sont importantes et des précautions doivent être prises pour veiller à ce que l’agriculture à grande échelle et l’agriculture intensive ne drainent des ressources telles que l’eau douce et ne conduisent pas à la dégradation des terres» assure la Rapporteuse onusienne. Se faisant défenseuse de l’égalité, elle recommande que «les deux piliers du plan (la modernité et de la solidarité) devraient être développés d’une manière équilibrée afin d’assurer le soutien complet des petits exploitants agricoles.»

L’universitaire turque, diplômée de la Law School of Ankara, plaide pour une mise en place de l’agro-écologie dans les futurs projets agricoles du Maroc ; ce qui devrait, selon elle protéger la biodiversité, les ressources environnementales, le maintien de l'égalité sociale, et de l'agriculture respectueuse du climat.

Dans le volet juridique de son rapport, Hilal Elver note une évolution positive avec des réformes juridiques majeures notamment l’adoption de la constitution de 2011 et plaide pour que le royaume inscrive explicitement dans sa constitution le droit à l’alimentation. «L’élaboration d’un cadre juridique national sur le droit à l’alimentation viendrait compléter les réformes et assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle bien que la ratification du Protocole facultatif relatif aux droits économiques, sociaux et culturels devrait être considérée comme une priorité» recommande-t-elle.

Pour établir son rapport d’enquête, Hilal Elver a rencontré durant 8 jours, des hauts responsables du gouvernement, ainsi que des représentants du système de l’ONU, des agences internationales, de la communauté du développement, et de la société civile. Elle a aussi sillonné une partie du Maroc en se rendant notamment à Midelt, Agadir, Dakhla où elle a pu observer de près plusieurs projets. Ses rencontres et ses visites alimenteront sans doute son rapport final qu’elle présentera au Conseil des Droits de l’Homme en mars 2016. 

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