L’édition du journal Le Monde, datée du 12 décembre 2010, n’a pas été distribuée au Maroc ! Et pour cause, dans l’un de ses articles, le quotidien français aurait repris des informations diffusées sur le site WikiLeaks. Le Monde rapporte en effet sur son site, que l’article en question, a repris un télégramme du consulat américain de Casablanca émis en décembre 2009 «dénonçant les pressions exercées par l'entourage du roi du Maroc, Mohammed VI, pour solliciter des pots-de-vin dans le domaine de l'immobilier».
Le Monde montrait ainsi l'état de la corruption au Maroc, où le phénomène n'épargnerait pas même les plus hautes sphères de l’Etat. Des affirmations peu glorifiantes pour le Royaume, dont les officiels crient à la diffamation. C’est donc sur cet argument que le journal a été interdit de distribution dans le pays. Entre le 4 et le 6 décembre 2010, le quotidien international arabophone Al Quds Al Arabi, et le quotidien espagnol El Pais subissaient le même sort, pour les mêmes raisons.
«Le Maroc n'a fait qu'appliquer un article du code de la presse qui stipule que le ministère de la communication a le droit d'interdire toute publication dont des articles portent atteinte à la religion, à l'intégrité territoriale et à la monarchie», justifie un responsable du ministère marocain de la Communication.
Si donc les informations de ces journaux dont la source commune n’est autre que le site Wikileaks, sont jugées «diffamatoires» par les responsables marocains, un constat s’impose : les informations de Wikileaks passent beaucoup mieux lorsqu’elles arrangent le Maroc. C’est ainsi que le 5 décembre dernier, la MAP, agence de presse officielle du Royaume, reprenait fièrement une note de WikiLeaks montrant que les Sahraouis étaient majoritairement favorables à la proposition marocaine d’autonomie du Sahara.
La MAP ne s’est pas non plus privée de rapporter les informations de WikiLeaks qui dénoncent des «manipulations» sévissant en Algérie, et qui présentent le pays d’Abdelaziz Bouteflika comme «un pays malheureux et en dérive». Relayer des critiques sur l’Algérie, semble-t-il, est de meilleur goût…