L’ouverture du capital de l’Office chérifien des phosphates (OCP) n’est pas un sujet «tabou», a déclaré Mustapha Terrab dans une interview accordée à la presse londonienne la semaine dernière. Selon des sources proches du dossier qui ont requis l’anonymat, l’Office serait même déjà en train d’étudier la possibilité d’ouvrir son capital aux investisseurs étrangers dans les deux ou trois prochaines années, rapporte Bloomberg.
Sans être plus précis, Mustapha Terrab a juste signalé que ce projet d’ouverture de capital n’est pas synonyme de minimisation du contrôle de l’Etat au sein de l’Office. Rappelons qu’actuellement Rabat détient 95% des actions OCP, tandis que les 5% restantes sont détenues par la Banque centrale populaire (BCP). «Il existe une ligne rouge clé à ne pas franchir. L’Etat marocain restera actionnaire majoritaire», a souligné M. Terrab. «Toutefois, nous sommes ouverts à toutes les options de financement qui font progresser notre stratégie et protègent les intérêts de nos actionnaires», a-t-il ajouté.
Une opportunité pour les grandes puissances ?
En clair, l’OCP est toujours en quête de financement pour son plan d’investissement de 20 milliards de dollars lancé en 2008 qui vise à doubler l’exploitation minière et tripler la production d’engrais d’ici 2025. Après avoir émis en 2011 un emprunt obligataire de 2 milliards de dirhams à la Bourse de Casablanca, l’Office a opéré ses premières sorties sur les marchés internationaux en avril 2014 et 2015 où il a levé 1,55 milliard de dollars (près de 15 milliards de dirhams) et 1 milliard de dollars (environ 9,6 milliards de dirhams).
Leader mondial de la production des phosphates et fort de l’importante réserve du Maroc (qui représente le tiers de la réserve mondiale), l’OCP est une entreprise très influente. Et selon une récente étude réalisée par des scientifiques américains, la firme dirigée par Mustapha Terrab pourrait s’imposer en décideur, vu le rôle que devra jouer le phosphate dans les prochaines années pour la sécurité alimentaire mondiale en raison des changements climatiques.
Il ne serait donc pas étonnant que l’ouverture de son capital intéresse les grandes puissances. D’ailleurs d’après les sources de Bloomberg, des pourparlers auraient discrètement commencé avec des «fonds souverains».