Les autorités algériennes ne tolèrent pas que ces citoyens appellent à une normalisation de ses relations avec le Maroc. Des sanctions sont même à prévoir contre les «contrevenants». C’est ce que vient de subir Bouzid Harzallah, un intellectuel, qui était le coordinateur des «Nuits de la poésie arabe». Une manifestation qui s’inscrit dans le cadre des festivités célébrant «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», placée sous l’autorité directe de la primature.
Harzallah a eu le «tort» de cosigner, avec neuf de ses compatriotes et quatre écrivains marocains, une lettre ouverte à qui de droit appelant à l’urgence d’une intégration maghrébine. Les signataires y affirment que «contrairement à la politique qui use d’innombrables arguments pour entretenir les conflits passagers bien que parfois persistants, nous, poètes et écrivains réunis ici à Constantine, croyons davantage à l’essence même qui fait l’unité naturelle de nos deux peuples et œuvrons à la reconstruction des ponts au-delà du gouffre qui nous sépare afin de restaurer notre destin commun et rebâtir un avenir maghrébin plus lumineux».
Une caravane des poètes algériens vers le Polisario
Immédiatement après la médiatisation de l’appel, le pouvoir algérien a vivement réagi. La presse du voisin de l’Est a fait état d’une colère de la présidence de la république et le chef du gouvernement contre le ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, nommé lors du remaniement de mai.
Celui-ci a convoqué Harzallah pour lui signifier sa mise à l'écart et la désignation à sa place de Abdesselam Yekhlef, pourtant un des autres cosignataires de la lettre. Un changement très prévisible même si l’intéressé a essayé de se justifier dans des déclarations au quotidien Echourouk affirmant qu’il avait signé un appel apolitique louant seulement les liens de fraternité entre les deux peuples.
Saisissant parfaitement le message de ses supérieurs hiérarchique, le nouveau ministre a annoncé lors d’une réunion avec Khadija Hamdi, l’épouse de Mohamed Abdelaziz et également «ministre de la Culture» du Polisario, l’organisation d’une «caravane de poètes algériennes» vers les camps de Tindouf en février prochain à l’occasion du «40ème anniversaire de la proclamation de la RASD». Un geste de plus de sa part pour se faire pardonner.