Pour son édition de mardi 18 août, l’émission bimensuelle «Daïf Al Oula» avait prévu un débat autour des MRE auquel devaient participer des responsables du CCME et du ministère chargé des MRE et des Affaires migratoires, ainsi que deux acteurs associatifs MRE et un universitaire spécialiste de ces questions.
Cependant, l’émission a été annulée à la dernière minute. L’annonce a été faite samedi 15 août par l’animateur Mohammed Tijjini sur Facebook. «La première chaine de télévision marocaine a décidé de supprimer le thème de l’édition de «Daif Al Oula» qui devait être consacrée aux problèmes de la communauté marocaine résidant à l’étranger pour le remplacer par un autre thème en lien avec le mérite des tracts pour les prochaines élections : Toutes nos excuses».
Mais la nouvelle a déplu à plusieurs MRE, d’autant plus que la veille, M. Tijjini publiait le teaser de l’émission invitant les Marocains du monde à ne pas louper le numéro qui leur est dédié.
Indignation
Nombres d’entre eux espéraient que les problématiques qui concernent la diaspora et qui se veulent persistantes depuis des années, puissent être abordées, surtout après le discours du Trône du 31 juillet dernier. «Comment peut-on supprimer un programme sur les MRE dans leurs pays pour retransmettre un atelier autour des élections ?», se demande Yassine O. visiblement choqué. Pour Driss B. la suppression du thème sur les MRE est «une manière de gagner du temps» pour les politiques. D’après lui, les «questions épineuses» qui seraient abordées pendant ce débat seraient «dérangeantes» pour les politiques.
«Cette décision prise au plus haut niveau de l'institution, voire même du pôle télévisuel, pose une série de questions : Pourquoi supprimer une émission alors que l'annonce du débat est déjà faite? Cette manière peu professionnelle et nullement déontologique de procéder, n'enlève-t-elle pas toute crédibilité aux annonces et programmes futurs d'"Al Oula" ? Le discours royal, dans son volet MRE, n'a-t-il pas sa place pour les plus hauts responsables de l'institution ? En procédant de la sorte, ces responsables ne contribuent-ils pas à la marginalisation des 5 millions de Marocains vivant hors des frontières nationales, alors que le Souverain leur accorde une sollicitude particulière ?», se demande le chercheur Abdelkrim Belguendouz dans une tribune parue à notre rédaction, dans laquelle il réagit à la suppression du débat dont il était l’invité universitaire. Pour lui, c’est tout simplement une manière d’«empêcher le débat responsable et constructif sur les consulats, sur la manière de mieux faire participer les MRE aux instances consultatives».