Abbie Chalgoum, 35 ans, est un enseignant d’économie Néerlando-marocain et passionné d’art qui a accepté le rôle de Jésus dans la pièce de théâtre la Passion à Limbourg Tegelen, dans la commune de Venlo, au nord-est des Pays-Bas. Mais alors que son jeu est plébiscité par les Néerlandais de souche et autres Européens, il ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté marocaine.
En route pour les répétitions samedi dernier à la gare de Venlo, il s’est fait menacé par un groupe de jeunes Marocains. « Ils ont dit qu’en tant que Marocain et musulman, je ne devais à pas jouer le rôle de Jésus, car Jésus est un prophète et les prophètes ne doivent pas être représentés», a raconté Abbie Chalgoum à la presse néerlandaise.
Abbie avait l’habitude de croiser ce groupe de jeunes à la gare. Ils ironisaient souvent sur son rôle au théâtre, mais lui il prenait cela pour de la pure rigolade. De temps en temps, il leur filait quelques sous et la relation semblait plutôt paisible. Mais ce jour-là, «à peine j’essayais de m’expliquer qu’ils ont commencé à m’insulter et me menacer. Ils ont ensuite dit qu’il savent que je ne vis à pas à Venlo et qu’ils savent où me trouver à Amsterdam», poursuit l’acteur.
Encouragé par sa famille et la mosquée du quartier, mais mis en garde
Quand Abbie s’est engagé pour ce rôle en 2013, sa mère l’a encouragé, mais l’a tout de même mis en garde. «Elle m’a dit de profiter de cette opportunité. Mais qu’il faut que je sache que tout le monde ne sera pas d’accord avec ça», se souvient Abbie.
La mosquée à Amsterdam aussi a beaucoup encouragé le jeune Néerlando-marocain. «Les premiers encouragements externes que j’ai reçus sont venus de la mosquée. Quand ils ont vu que je jouais de rôle de Jésus, ils m’ont dit : ‘’tant pis pour ceux qui pensent autrement’’», relate l’artiste.
Mais depuis deux ans, le jeune homme a subi plusieurs harcèlements et des menaces à répétitions de la part de Marocains. Il avait toujours estimé que cela n’était pas grave, jusqu’à samedi dernier, où il s’est senti en danger. La police lui a conseillé de porter plainte, ce qu’il a fait. Selon Telegraaf, le groupe de Marocains a déjà été entendu.