Yabiladi: C’est une Journée nationale des MRE assez particulière cette année après le discours du Trône il y a encore moins de deux semaines…
Salem Fkire: Sa Majesté le Roi Mohammed VI a réitéré avec force et on peut dire colère l’importance que revêt pour lui notre composante et nos principales préoccupations, en interpellant différents pans de nos administrations et institutions à être plus à l’écoute de nos besoins.
Justement suite au discours royal, il a eu cette année un fort écho au sein de la communauté marocaine à l’étranger, en raison notamment des mesures exigées par le Roi Mohammed VI à l’encontre des mauvais consuls. Qu’en dites-vous ?
Sa Majesté a retranscrit les différentes plaintes que la société civile MRE n'a eu de cesse d’évoquer ces dernières années. La question est : pourquoi attendre une colère royale pour agir ? Ceci met en évidence certaines défaillances de nos institutions pour parer en amont à nos besoins les plus urgents.
En réponse aux directives royales, le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar a annoncé une «politique de fermeté et de tolérance zéro dans les consulats». Est-ce suffisant selon vous ?
Avant tout, il est important aussi de dire qu’il ne faut pas mettre tous les responsables consulaires dans le même panier, car nombre d’entre eux font un travail en toute discrétion et avec une grande efficacité.
Sa Majesté, dans son discours, a insisté à ce que nous soyons partie intégrante de nos institutions et Cap Sud MRE n’a eu de cesse de militer pour que des MRE deviennent eux-mêmes consuls voire ambassadeurs, afin, tout simplement, d’appréhender à leur juste mesure nos besoins, car issus de la même composante.
D’autres mesures ont été annoncées à savoir le lancement d’un numéro vert destiné à recevoir les plaintes des MRE, ainsi que la création d'un guichet unique au profit des MRE...
Toute nouvelle disposition est toujours intéressante si elle répond directement à nos besoins. Notre proposition était la mise en place d’un guichet UNIQUE et non pas DÉDIÉ. Car notre but était de recenser l’ensemble des besoins administratifs des MRE et de créer un guichet qui permette de rassembler en un seul endroit l’ensemble des administrations, ex : foncier, état civil, juridique. Le facteur temps est un des soucis majeurs du MRE, donc centraliser les administrations prioritaires serait une réelle avancée.
Les quatre années écoulées entre la première émission des propositions de Cap Sud MRE en 2011 pour une meilleure assistance des MRE, et les premières mises en œuvre (guichet unique aujourd’hui), n’est-ce pas la preuve que la société civile MRE peine parfois à se faire entendre ?
Tout à fait et nous en sommes affectés, mais la solution pour changer cet état de fait, c’est que les MRE fassent partie intégrante de la politique nationale et que l’on applique enfin les articles de notre Constitution (16, 17, 18,163) pour que nos représentants élus par nous et pour nous soient directement responsables de nos plaintes.
Quand les MRE seront des électeurs effectifs, je vous assure que l’ensemble des politiques seront à l’écoute effective de nos revendications, car le politique par définition est expert-comptable de l’urne avant tout.
Le manque de coordination entre les institutions en charge des MRE se fait parfois évident...
Chacune de ces institutions a été initiée avec un but précis. Il suffirait qu’elles mettent en œuvre les actions pour lesquelles elles ont été créées sans empiéter sur les prérogatives des autres et, au final, répondre aux besoins de notre composante, mais ceci 365 jours de l’année civile et non pas seulement lors des périodes estivales.