Yabiladi : Vous dites que vous êtes interdit d’animer des soirées musicales à l’occasion de festivals, pourquoi ?
Rachid Gholam : C’est principalement à cause de mon appartenance à Al Adl Wal Ihsane, également interdite au Maroc. Dans l’ensemble, le pouvoir n’a pas d’objections sur les thèmes que chante Rachid Gholam mais il a un réel problème avec ce que je représente en tant qu’opposition à l’orchestre des chanteurs makhzéniens.
Au Maroc, le pouvoir joue toujours avec la carotte et le bâton. Il est d’ailleurs convaincu qu’il peut acheter chaque opposant. Ce que je refuse foncièrement malgré les nombreuses offres proposés en échange d'une révision de mes positions politiques, telles des participations à tous les festivals ou d’être un salarié-fantôme au sein du ministère de la Culture et même de diriger des festivals. Tout ce que je demande c’est d’être libre dans mon pays.
Vous avez pu briser l’interdiction en vous produisant dans des pays arabes...
Ce n’est plus le cas. Depuis 2006, quasiment toutes les portes des pays arabes ont été fermées devant moi. C’est tout à fait logique eu égard à la bonne qualité de coopération entre les ministères de l’Intérieur et les services de renseignements des Etats de la Ligue arabe. Il y a également une note du département marocain des Affaires étrangères adressée à leurs homologues de la région les demandant de m’interdire le séjour.
Que pensez-vous de l’expérience du PJD à la tête du gouvernement ?
Le PJD est un parti royaliste, ils aiment d’ailleurs être traités de la sorte. C’est une formation comme les autres déjà existantes. Nous le considérons comme l’Istiqlal ou le RNI. Les PJDistes ne sont pas nos concurrents. Nous ne partageons pas leurs convictions comme la participation aux élections et la présence folklorique dans le parlement.
Comment évaluez-vous le dialogue entre votre mouvement et des forces de gauche laïques ?
Nous sommes avec toute personne qui veut du bien à ce pays et s’engage à travailler réellement pour le bien de ce pays. A cet égard, Al Adl Wal Ihsane tend sa main à tous les acteurs politiques pour servir la nation. Nous cherchons des partenaires en la démocratie, la cohabitation et surtout d'accepter de se soumettre aux mécanismes de sélection existants. Et nous n’avons aucun problème avec leurs appartenances religieuse, idéologique ou politique. C’est au peuple que revient le dernier mot, le moment opportun.
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